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Une saison Harold Pinter s'ouvre avec "Trahisons" pour les 10 ans de sa mort

"Trahisons", jusqu'au 18 mars au Lucernaire à Paris, ouvre la commémoration des 10 ans de la mort d'Harold Pinter, son auteur, prix Nobel de Littérature. "Le Monte-plat", comédie loufoque, y sera donnée à partir du 28 mars. D'autres suivront. "Trahisons" n’était pas totalement calée quand nous lavons vue, s’agissant de la première. Mais la force du texte était là. Un triangle amoureux imparable.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Gaëlle Billaut-Danno, François Foreleto et Yannick Laurent dans "Trahisons" d'Harold Pinter (Le Lucernaire, 2018)
 (Le Lucernaire)

Pinter décrypteur des sentiments

Emma (Gaëlle Billaut-Danno) et Jerry (Vincent Laurent) se retrouvent après une absence de deux ans, suite à leur rupture. Elle est l’épouse de Robert (François Feroleto), le meilleur ami de son amant, lui, mari de Pénélope. La pièce déroule leur histoire à rebrousse temps, mettant au jour les petites et grandes trahisons qui ont jalonné leur passion, depuis leur séparation jusqu’à leur première rencontre. Le procédé n’est pas formel. Il permet de déstructurer, de prendre le recul nécessaire par rapport à ce lien amoureux, qui touche tout-un-chacun et interroge.
Il est indéniable que l’on se retrouve dans ce texte de Pinter si finement observé. Chaque situation, souvent banale nous surprend par leur évocation non chronologique. L'amour et l'amitié sont pesés à l'once de ce trio passionnel, comme s'il jouait une comédie des sentiments. Des amants se sont aimés, s’aiment peut-être toujours, l’on ne saura jamais tout à fait. Deux amis se sont mentis, mais restent liés, semble-t-il. La confiance n'est jamais entière. Chacun cherche à ne pas être le dupe de l'autre, sans toutefefois le rejeter. Tout est dans l'entre deux. Pinter ne tranche pas. Il pose plus de questions qu'il n'y répond.
Gaëlle Billaut-Danno et Yannick Laurent dans "Trahisons" d'Harold Pinter (Le Lucernaire, 2018
 (Le Lucernaire)

Neuf actes

Une Première est toujours délicate, car elle est nerveuse, préparatoire, comme un lancement, une bouteille jetée à la mer. Celle de "Trahisons" mise en scène par Christophe Gand au Lucernaire demandait sans doute plus de précision, certainement corrigés depuis. Vincent Laurent (Jerry) fraîchement arrivé auprès de deux comédiens jouant la pièce depuis longtemps, a du, depuis, prendre ses marques. Mais Gaëlle Billaut-Danno et François Feroleto sont formidables.

Des manquements dans la mise en scène rejaillissaient toutefois également. Pièce en neuf actes (!), elle implique entre chacun d’eux des changements de décors qui, même avec élégance, cassent la dynamique dramatique et gènent l'attention. Certains spectateurs y ont trouvé leur compte, pas nous. Tout comme le calendrier qui indique les dates de l’action, superflu et illisible. Des ajustements sans doute corrigés depuis, tant le texte est fort, toujours contemporain, parlant et sensible. Donné sans trahison aucune.
"Trahisons" : l'affiche du Lucernaire (2018)
 (Le Lucernaire)

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