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"Mon ange" : Lina El Arabi inspirée dans un monologue puissant

Inspirée de l’histoire vraie d’une jeune kurde de 19 ans prise dans la guerre civile en Irak, devenue une icône de la résistance contre Daech, "Mon ange" adapte la pièce d’Henry Taylor "Angel". Transposée sous la forme d’un monologue poignant, elle est tenue à bout de bras par une impressionnante Lina El Arabi (vue au cinéma dans "Noce") dans une mise en scène remarquable de Jérémie Lippmann.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Lina El Arabi ("Mon Ange) création Avignon 2017
 (Le Chêne noir )

Noir c’est noir

Créée dans le cadre du 71e Festival d’Avignon Off l’an dernier, "Mon ange", donnée jusqu’au 6 janvier au Théâtre Tristan Bernard, à Paris, revient sur cette figure devenue mythique dans son pays et à l’international, "Rehana", rebaptisée "L’Ange de Kobané". Suite à une photo de cette jeune femme publiée en 2014 sur les réseaux sociaux et à sa prétendue décapitation par les djihadistes, cliché à l’appui, elle est devenue LA martyre de la résistance kurde. On lui prête une centaine de victimes du côté de Daech. Tout cela n’est nullement confirmé. Mais comme le dit l’adage, entre la réalité et la légende, je choisis la légende.
Rehana, l'Ange de Kobané (2014)
 (Facebook, capture d'écran)
Elle est sublimée dans la très belle adaptation de la pièce d’Henry Taylor "Angel" mise en scène par Jérémie Lippmann. Dans la salle où est fait le noir total, résonne la voix assurée de Lina El Arabi. Elle interprète Rehana qui se décrit comme fille de fermier, tout juste reçue à la faculté de Droit. Son père est opposé à son départ pour la ville et lui destine l’exploitation du verger dont il a été lui-même héritier de son père qui le tenait de son père… Il lui apprendra le maniement des armes. Quand les forces de Daech débarquent dans son village, c’est la panique : il faut fuir. Commence alors un long et douloureux périple, dans une nature hostile, dans les geôles de Daech, puis aux côtés de la Résistance kurde.

Le décor très ouvragé de Jacques Gabel, magnifié par la lumière dorée de Joël Hourbeigt, ne cesse d’évoluer au fil de l’histoire. Soudainement les coups de feu crépitent, suivis d’explosions assourdissantes. C’est la fuite, puis l’exode solitaire, l’emprisonnement, la fascination des hommes pour sa resplendissante beauté qui la met en danger. Sous la lumière changeante, la tonnelle devient une

Décor de lumière

Le prologue ténébreux s’éclaircit comme une aube et laisse apparaître la silhouette hiératique de Rehana, telle une cariatide de noir vêtue. Le bruissement de la nature environnante se fait entendre sous une tonnelle, évocation du verger, qui remplit tout l’espace scénique. Lina El Arabi fait preuve d’une gamme de tonalités de voix étonnante, en imitant les voix de sa mère, de son père, qu’elle ne cessera d’évoquer dans son périple.
grotte, où Rihana est prisonnière. Une fois évadée, une très belle toile peinte, devancée d’une petite dune, suffisent à évoquer le désert. Rihana a rejoint la Résistance et s’empare d’armes dignes d’un blockbuster américain pour partir au combat.
Lina El Arabi dans "Mon ange"
 (Fabienne Rappeneau Tous droits réservés)
"Mon Ange"/"Angel" est le troisième volet de la trilogie "Arabian Nightmares" d’Henry Taylor, consacrée aux guerres au Proche-Orient, à la torture, au terrorisme et à la condition féminine dans la région. Le texte puissant, l’incroyable performance de Lina El Arabi, portée, transportée par son rôle, la splendeur du dispositif scénique, l’actualité du sujet, font de l’adaptation de Jérémie Lippmann un grand moment de théâtre.

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