Femme de l'ombre, "poumon du théâtre"
Mais Il a fallu la convaincre ! "Je ne suis pas faite pour être sur scène" répondait-elle, toujours habillée de noire pour se fondre dans l’obscurité. La voici donc, cette femme de l’ombre, toujours en retrait et cahier à la main, murmurant à l’oreille de tous les protagonistes du théâtre et aussi à celles des deux actrices qui interprètent son rôle.
"Une fois je me suis retrouvée en pleine lumière, parce qu'un acteur avait soulevé le rideau derrière lequel je me tenais, une minute, une minute sur scène dans une vie", se remémore-t-elle.
Un hommage à tout le théâtre
Mais "Sopro" n’est pas un spectacle documentaire, à partir de Cristina, de façon subtile, Rodrigues étend son hommage à tout le théâtre, les dangers qui le guettent, la mémoire, l’oubli. Et lorsqu’il fait rejouer magnifiquement les scènes des "Trois sœurs" de Tchekhov, "Bérénice" de Racine ou "Antigone" de Sophocle, on ne sait plus très bien démêler la fiction de la réalité.
"Sopro" de Tiago Rodrigues
"Il y a dans les théâtre, des associations, des compagnies qui fonctionneraient même dans des ruines. Si tout ferme, on continue à faire du théâtre : ça c’est sûr. Ce sera clandestin, secret mais ça aura lieu", affirme Rodrigues dans le programme.
La beauté de la langue portugaise et le talent des comédiens (Isabel Abreu, Beatriz Bras, Sofia Dias, Vitor Roriz, Joao Pedro Vaz) nous font oublier l’intensité des sous- titres. Car le texte est dense mais le talent de metteur en scène est de réussir, avec un travail intelligent mais parfois cérébral, à rendre toute l’émotion de cette histoire et de cette vie.
