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Les Vikings réhabilités dans une exposition à Nantes

L'exposition "Nous les appelons Vikings" explore le mode de vie, les us et coutumes des Scandinaves des VIIIe-XIe siècles, battant en brèche du même coup nombre de préjugés à leur égard : ils ne portaient pas de casques à cornes et la plupart des Scandinaves de la période étaient plus fermiers que guerriers, tout comme ils n’étaient pas de seuls pillards sanguinaires.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Collier de verre et de bronze viking, à l'exposition "Nous les appelons Vikings" à Nantes (2018)
 (LOIC VENANCE / AFP)

"Je suis ravi de ramener une deuxième fois les Vikings à Nantes, j'espère que cette visite sera beaucoup plus plaisante que la première", s'amuse Kent Andersson, du Musée d'Histoire de Suède et directeur scientifique de cette exposition présentée à partir de samedi au château des ducs de Bretagne, après être passée par New York, Sydney ou Tallinn.

Reportage : C. Dupeyrat / J. Brénuchon / F. Thibert

Stéréotypes

S'il a apporté dans ses valises un objet de sa collection personnelle, un crâne fendu d'un coup de hache, les "hommes du Nord" n'étaient pas plus belliqueux que les autres peuples rencontrés lors d'expéditions commerciales, de pillages ou d'opérations d'expansion dans de nouvelles régions d'Europe, met en avant M. Andersson.

"Les Vikings ont une histoire beaucoup plus riche que ce qu'on peut imaginer. Ils ne représentaient qu'une petite partie des populations scandinaves, seul un petit groupe partait ‘en viking’, pour faire du commerce ou un raid", explique-t-il.

"Beaucoup de stéréotypes ont été véhiculés par les séries télévisées et les livres. Le premier stéréotype est que les Vikings étaient tous des hommes et tous des guerriers. Mais la plupart d'entre eux vivaient comme fermiers à la campagne", abonde Lena Hejll, conservatrice au Musée d'Histoire de Suède et archéologue.

A travers 550 pièces archéologiques, l'exposition propose ainsi de se familiariser avec cette "société complexe", pas du tout isolée du reste du monde.
Crânes de victimes tuées par une hache, de l'exposition "Nous les appelons Vikings" à Nantes (2018)
 (LOIC VENANCE / AFP)

Jusqu’en Asie et Terre Neuve

Parmi les objets exposés, une statuette indienne de Bouddha datant du VIe siècle, découverte dans les années 1950 à Stockholm, "montre que ce n'était pas un petit monde et que les Vikings ont voyagé en Orient, mais aussi en Occident", jusqu'à Terre-Neuve, souligne Kent Andersson.

A l'ère viking, les pièces d'argent affluaient en Scandinavie, grâce aux pillages mais aussi aux échanges commerciaux, et la Suède détient "probablement le plus grand nombre de pièces d'origine arabe, plus de 8.000, et de nouvelles découvertes sont faites chaque année", indique-t-il.

A ce jour, la plus grande cache datant de l'ère viking mise au jour est le trésor de Spilling, exhumé en 1999 sur l'île de Gotland, île suédoise en mer Baltique : 76 kilos de pièces de monnaie et de bijoux divers en argent.

Si les récentes découvertes archéologiques ont permis de mieux connaître l'ère viking, les modes de vie, les croyances, les coutumes funéraires et le savoir-faire artisanal des populations scandinaves, il n'y a pas de trace de quelconques cornes sur les casques coiffant les Vikings, souligne l'exposition dans sa partie finale.
Casque viking de l'exposition "Nous les appelons Vikings" à Nantes (2018)
 (LOIC VENANCE / AFP)

Wagner coupable ?

"Cette mythologie du casque à cornes vient d'opéras de Richard Wagner au XIXe siècle", pense Kent Andersson, "mais on n'a aucune preuve de son existence", même s'il est devenu un symbole populaire et surreprésenté de l'ère viking.

Pour le directeur du château des ducs de Bretagne, Bertrand Guillet, l'exposition "Nous les appelons Vikings" a "une filiation" avec l'exposition "Samouraï", qui avait atteint une fréquentation record de plus de 90.000 visiteurs en 2014.



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