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Stevie Wonder, Beyoncé, Drake et Jay Z indignés par les brutalités policières

Après les meurtres la semaine passée de deux Noirs aux mains de la police américaine, qui s'ajoutent à une longue liste de jeunes Noirs tués par la police ces dernières années outre-Atlantique, les musiciens se mobilisent, sur et hors scène, aux Etats-Unis. Stevie Wonder, Jay Z, Beyoncé, Drake, Miguel et Killer Mike ont tous apporté leur soutien au mouvement "Black Lives Matter" ces derniers jours
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Stevie Wonder le 10 juillet 2016 à Hyde Park (Londres) et Beyoncé le 3 juillet à Wembley (Londres).
 (SBD/WENN.COM/SIPA et Daniela Vesco/AP/SIPA)

Stevie Wonder : Choisissez l'amour plutôt que la haine


Stevie Wonder est la dernière star à avoir réagi publiquement sur scène après la mort de Alton Sterling (abattu à bout portant à Bâton Rouge en Louisiane) et de Philando Castile (abattu lors d'un banal contrôle routier dans le Minnesota), deux trentenaires noirs tués par la police la semaine passée.

Dimanche 10 juillet, lors de son concert de Hyde Park (Londres), le musicien et chanteur américain a tenu à apporter son soutien, "en ces temps troublés", au mouvement Black Lives Matter (Les vies noires comptent) avec un discours d'introduction de vieux sage.

"Dans un sens je suis très heureux que les chansons de "Songs in The Key of Life" (l'un de ses albums cultes sorti en 1976 qu'il rejoue actuellement sur scène) soient toujours aussi significatives 40 ans plus tard. Dans un autre sens cela ne me réjouit pas. Car les chansons et les mots dont nous parlons, ces conditions existent toujours dans le monde et cela me heurte", a déclaré Stevie Wonder.

"Ce que j'espère c'est que nous pourrons changer les choses. Et si vous le pensez aussi, je vous encourage à choisir l'amour plutôt que la haine. C'est aussi simple que cela. Choisissez l'amour contre la haine, le bien plutôt que le mal, la gentillesse plutôt que la méchanceté. L'espoir contre pas d'espoir du tout."

"Ce qui m'amène au fait que oui, chaque vie compte, mais la raison pour laquelle je dis "les vies noires comptent" c'est parce que nous sommes les personnes originelles de ce monde. Alors, à la base, chacun ici a du noir en lui. Cessez de nier votre culture. Aimez-vous et votre famille." "Si vous n'êtes pas d'accord avec moi, je vous aime quand même. Mais je n'abandonnerai pas", a-t-il conclu.



Miguel : Nous ne pouvons pas vivre dans la peur !


À Londres, au festival Wireless, le chanteur californien Miguel a lui aussi tenu vendredi à évoquer les brutalités policières contre les Noirs américains. Dans un petit speech poignant, il a expliqué n'avoir pu trouver le sommeil la nuit précédente et a demandé à la foule de réfléchir à l'impact de ces évènements sur les générations futures.

"À ceux qui ont peur du lendemain - nous n'avons pas à vivre dans la peur !", a-t-il lancé. "Nous ne pouvons rester sans rien faire. Nos enfants hériteront de ce monde lorsque nous n'y serons plus. Qu'allons-nous leur laisser ? Qu'allons nous faire pour eux, maintenant ? Maintenant !", a-t-il scandé en essuyant une larme. Il s'est ensuite excusé de "prêcher" mais, a-t-il souligné, "Nous devons faire quelque chose".

https://www.instagram.com/p/BHpExLtgnMQ/?taken-by=utorlive

Jay Z : De désespoir ne tirez pas


Jeudi dernier, Jay Z a posté de son côté une chanson en guise protestation sur sa plateforme de streaming Tidal. "Just a boy in the hood / Got my hands in the air / In despair, don't shoot" (Juste un garçon du quartier / J'ai les mains en l'air / De désespoir ne tirez pas"), répète le rappeur et businessman dans "Spiritual".

Dans un tweet sur Tidal (ci-dessous), Jay Z a expliqué avoir écrit cette chanson il y a longtemps. Un proche (Punch du label TDE) lui avait conseillé de la sortir lors de la mort de Mike Brown (un jeune Noir tué par un policier blanc à Ferguson en août 2014).

"Je lui ai répondu que ce problème serait toujours d'actualité. Cela me fait mal d'avoir su que cette mort ne serait pas la dernière", souligne Jay Z. Qui conclut par un salut aux familles de victimes des brutalités policières et par une citation de l'abolitionniste Frederik Douglass : "Où la justice est déniée (...), rien ni personne n'est à l'abri."

https://twitter.com/TIDALHiFi/status/751288969141235712
Beyoncé sur scène à Wembley (Londres) le 3 juillet 2016
 (Daniela Vesco/AP/SIPA)

Beyoncé : Nous n'avons pas besoin de sympathie mais que chacun respecte nos vies


Beyoncé, qui n'a jamais été aussi militante que sur son dernier album "Lemonade" mais aussi dans ses clips ("Formation") et ses apparitions publiques - en particulier à la mi-temps du Super Bowl au cours duquel elle a fait un clin d'oeil aux Black Panthers via la tenue et le poing levé de ses danseuses - l'avait précédé.

Elle a publié la semaine passée une lettre ouverte enflammée sur son site dénonçant ces "vols de vies humaines qui nous font sentir impuissants et désespérés". "Nous n'avons pas besoin de sympathie. Nous avons besoin que tout le monde respecte nos vies", écrit-elle dans cette longue missive. "Nous devons croire que nous combattons pour les droits de la prochaine génération, pour les prochains jeunes hommes et femmes qui croieront au bon." 

"Nous avons tous le pouvoir de canaliser notre colère et nos frustrations en actions concrètes. Nous devons utiliser nos voix pour contacter les politiciens et les législateurs de nos districts et demander des changements judiciaires et sociaux", conclut-elle en invitant ses fans à contacter le Congrès via internet pour lui demander des comptes.

Après la mort de 5 policiers blancs tués par un sniper à Dallas jeudi, elle a aussi tenu à leur rendre hommage dans un message sur Instagram dans lequel elle souligne qu'"aucune violence ne peut créer de la paix".

Lors de son concert à Glasgow jeudi dernier (7 juillet), elle a observé une minute de silence et a chanté son hymne politique "Formation" a cappella face à un écran sur lequel étaient inscrits les noms de nombreuses victimes de brutalités policières.

https://twitter.com/TheAussieSide/status/751161860607471616

Drake : entamer un dialogue ouvert et honnête est la première étape


Le rappeur canadien Drake, grande figure du hit-parade américain ces dernières années, a lui aussi pris la plume la semaine passée, sous le choc après avoir vu la vidéo montrant Alton Sterling, 37 ans, abattu à bout portant par des policiers en Louisiane.  

Dans une lettre ouverte sur Instagram, le rappeur appelle à mettre un terme au "cycle de violence" des brutalités policières. Il évoque les relations "tendues" depuis des décennies entre la communauté afro-américaine et les forces de l'ordre et dit désormais craindre pour les siens. "Personne ne commence sa vie comme un hashtag, pourtant la tendance d'être réduit à cela se poursuit", regrette-t-il.

"Je n'ai pas la solution. Mais je pense que les choses peuvent s'améliorer. Entamer un dialogue ouvert et honnête est la première étape", poursuit-il, avant de conclure par un appel à "plus de vie." 

https://www.instagram.com/p/BHim8QWjFTx/?taken-by=champagnepapi

Killer Mike de Run The Jewels : Je suis en colère, blessé, dégoûté


Killer Mike, le rappeur du duo Run The Jewels, qu'on a beaucoup vu cette année aux côtés du candidat à l'investiture démocrate Bernie Sanders, s'est dit "honteux de faire partie de ce pays", ce week-end, dans un entretien à la radio d'Atlanta Hot 107.9

"Je suis en colère, je suis blessé, je suis dégoûté", a dit le rappeur, dont le père est policier. "Il est temps de faire quelque chose. Il est temps de prévenir ce genre d'abus et cette police qui enfreint la loi."

Killer Mike a également appelé les citoyens à boycotter les grandes entreprises qui ne soutiennent pas la communauté noire, comme le faisaient les jeunes durant l'apartheid en Afrique du Sud, a-t-il rappelé.

 

D'autres rappeurs américains, notamment Snoop Dogg et Ice Cube, ont également réagi chacun à leur façon ces jours-ci face aux brutalités policières.

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