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Idées de cadeaux : 10 livres, romans et essais, à offrir à Noël

Vous avez décidé d'offrir des livres à Noël ? Bonne idée. Des romans, surtout, des essais, aussi, la sélection de Culturebox.
Article rédigé par Laurence Houot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Des livres à offrir à Noël, la sélection Culturebox 2018
1
"Camarade Papa", de Gauz
(Le Nouvel Attila - 251 pages - 19 Euros)
 
L'oublié des prix littéraires de la rentrée. Ce 2e roman de Gauz, très enthousiasmant. Après "Debout payé", le romancier franco-ivoirien livre une fresque coloniale qui embarque le lecteur de la Hollande à la Côte d'Ivoire, en passant par la France. Du XIXe siècle colonialiste au militantisme africain des années 70, "Camarade Papa" est un roman ample, engagé qui pose un regard inédit sur la colonisation. Pour raconter son histoire, Gauz s'est glissé dans la peau d'un colon blanc, et dans celle d'un enfant métissé issu de l'épopée coloniale, qui grandit à Amsterdam dans les années 70 dans une famille communiste, avant d'être envoyé par son père sur les terres de ses ancêtres. Gauz nous avait parlé de son roman à l'occasion de sa sortie.
2
"Quand Dieu boxait en amateur", Guy Boley
(Grasset – 176 pages – 17 euros)
 
L'auteur de "Fils de Dieu", raconte ici l'histoire de René Boley, son père. Un personnage haut en couleurs, qui partageait son temps entre la boxe et le théâtre, quand il n'était pas à la forge. L'écrivain déplie la vie d'un homme, dans une très belle et généreuse langue, rendant hommage au père, et à son monde, celui des hommes et des femmes qui naissent, grandissent, et meurent dans ces quartiers "d'ultime catégorie", eux aussi animés par de grands rêves. Guy Boley peint avec justesse et pudeur les sentiments qu'un père suscite dans le cœur de son fils, des sentiments qui peuvent à l'adolescence s'altérer, et laisser un goût amer quand il s'agit de la honte. L'amitié est aussi au centre de ce roman, qui fait le récit de ce lien si particulier qui unit deux amis d'enfance, pareils à "deux lierres à jamais enlacés".
3
"Là où les chiens aboient par la queue", Estelle-Sarah Bulle
(Liana Levi – 260 pages – 19 euros)
 
"Là où les chiens aboient par la queue" (Liana Levi) est le premier roman d'Estelle-Sarah Bulle. La romancière y raconte l'histoire d'une famille guadeloupéenne et à travers cette histoire elle embrasse l'histoire des Antillais, venus en nombre dans les années 60-70 pour s'installer en métropole. Un premier roman polyphonique, écrit dans un très beau français mêlé de créole, comme un hymne au métissage. "Là où les chiens aboient par la queue" a obtenu le prix Stanislas du premier roman, à l'occasion du "Livre sur la Place", à Nancy. 
4
"La vérité sort de la bouche du cheval", Meryem Alaoui
(Gallimard - 260 pages - 21 euros)
 
"La vérité sort de la bouche du cheval" (Gallimard) est le premier roman de Meryem Alaoui. Écrit à la première personne comme un journal, dans une langue unique, un français du Maroc populaire truffé d'énergie et d'images truculentes, une oralité couchée sur le papier avec un talent époustouflant. Un peu oublié des prix littéraires, ce premier roman est un ouragan, comme son personnage principal, Jmiaa, une jeune prostituée marocaine pleine d'intelligence et de ressources au caractère bien trempé, qui élève seule sa fille et se débrouille dans un quartier populaire de Casablanca.
5
"La vraie vie", d'Adeline Dieudonné
(L'Iconoclaste – 270 pages – 17 Euros)
 
Une adolescente vit avec sa famille (père, mère, petit frère) dans un lotissement des années 70 dans une petite ville belge. Le père est un chasseur. Il est brutal, et la mère est passive. La jeune fille fait tout pour protéger son petit frère, jusqu'au jour où un événement tragique ajoute l'horreur à l'amertume du quotidien. Mais la jeune fille ne baisse pas les bras. Adeline Dieudonné déroule ce récit avec une implacable efficacité, en peu de mots, dans une construction impeccable (elle dit avoir lu tous les livres de Stephen King). Dès la première phrase elle nous happe, nous attache à ce magnifique personnage de jeune fille en construction, intelligente, sensuelle, courageuse, avec un instinct de vie à toute épreuve. Une ode à la féminité. Prix Fnac 2018.
6
"Frère d'âme", David Diop
(Seuil - 175 pages - 17 €)
 
Le Goncourt des Lycéens 2018. "Frère d'âme" est le chant déchirant d'un tirailleur sénégalais pris de folie dans la boucherie de 14, après avoir assisté impuissant à la mort de son ami d'enfance, celui qu'il appelle son "plus que frère". David Diop signe un 1er roman qui donne voix aux milliers de soldats africains morts dans les tranchées, quasiment jamais entendus. David Diop construit son histoire par petits cercles, s'élargissant à chaque passage, phrases répétées, revisitées, comme un conte s'enrichissant chaque fois qu'il est une nouvelle fois raconté, à la manière des griots africains.
7
"Une douce lueur de malveillance", Dan Chaon
traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Hélène Fournier
(Albin Michel – 528 pages – 24.50 euros)
 
Un roman époustouflant, construit d'une manière totalement originale, qui raconte l'histoire de Dustin, la quarantaine, psychologue, marié, père de deux garçons. Il coule des jours tranquilles. Une vie en apparence banale, dans la banlieue de Cleveland. Pourtant quand il était adolescent (13 ans), Dustin a perdu sa mère, son père, sa tante et son oncle, assassinés dans la maison familiale. 20 ans plus tard, ce lourd secret de famille remonte à la surface : Rusty, son frère adoptif, accusé du quadruple meurtre et condamné à perpétuité sur la foi de ses accusations, va sortir de prison. Dustin s'inquiète, mais n'a pas le temps d'en parler à sa femme, qui lui annonce qu'elle a un cancer. "Une douce lueur de malveillance" est autant un thriller haletant qu'une aventure de lecture inédite. En effet, Dan Choan embarque son lecteur dans une expérimentation narrative, avec une construction étonnante remarquablement menée. A faire découvrir.
8
"La somme de nos folies" Shih-Li Kow
traduit de l'anglais (Malaisie), par Frédéric Grellier
(Zulma – 384 pages – 21,50 euros)
 
"La somme de nos folies" (Zulma), premier roman de Shih-Li Kow, chinoise de Malaisie, raconte avec une verve réjouissante les péripéties d'une petite communauté de Lubok Sayong, ville du Nord de Kuala Lumpur. Inondations répétées, secrets de famille, jusqu'à l'organisation d'une Gay Pride… Un premier roman totalement dépaysant.
9
"Eden Springs", Laura Kasischke
traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Céline Leroy, postface de Lola Lafon
(Editions Page à Page – 170 pages – 18 euros)
 
Dans ce nouveau livre, la romancière américaine raconte l'histoire d'Eden Springs, une secte fondée au début du XXe siècle dans le Michigan aux Etats-Unis par Benjamin Purnell, le "Roi Benjamin" comme on l'appelle dans la "Maison de David". Le gourou y a construit un "paradis" pour ses adeptes. Des belles maisons dans un style victorien, entourées d'un grand verger où butinent les abeilles, où gambadent les jeunes filles en fleur. A Eden Spring, on chante, on prie, on pratique le sport. La communauté y produit sa propre électricité, la consommation d'alcool y est interdite et tous les hommes portent à l'image du gourou, barbe et cheveux longs.  A Eden Spring il y a aussi une sorte de parc d'attraction, dans lequel viennent se divertir les populations alentour. Les membres de la secte se préparent au "Second Avènement", qui apportera la vie éternelle. L'envers du décor de ce "paradis terrestre" est évidemment moins bucolique… Un étonnant et passionnant roman, composé de fiction et de textes documentaires, par la talentueuse auteure de "Esprit d'hiver" (Bourgois 2013). Les ambiguïtés, la complexité, des rapports d'interdépendance entre les adeptes et leur gourou, leur psychologie et celle de leur mentor, les manipulations des uns et des autres… La romancière décortique les mécanismes d'un système sectaire.
10
"Le loup, Une histoire culturelle" Michel Pastoureau
(Seuil – 160 pages – 19.90 Euros)
 
Michel Pastoureau, historien, spécialiste reconnu des couleurs, s'est cette fois penché sur le loup. Quand l'animal apparaît-il pour la première fois dans les représentations ? Quelle est sa place ou son statut dans les différentes civilisations, de la mythologie grecque à la Rome antique, le mythe d'Odin, la louve nourricière de Rémus et Romulus, fondatrice de Rome, jusqu'à l'époque contemporaine.
Image tirée de "Le loup, une histoire culturelle", anonyme, 1766
 (Seuil)
Tantôt féroce et redouté, tantôt protecteur, la figure du loup s'est peu à peu adoucie, faisant de l'animal un personnage attachant, et omniprésent dans la littérature jeunesse. Un livre à la fois savant et divertissant, richement illustré et documenté, qui nous en apprend beaucoup sur le grand méchant loup.

D'autres idées de livres à glisser sous le sapin à piocher dans cette liste de livres que nous vous avions recommandé pour l'été. 

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