Benjamin Biolay : "le vinyle est aussi une science, et un artisanat""L'engouement pour le vinyle perdure. On pouvait estimer il y a quelques années que c'était d'abord un effet de mode vintage, mais aujourd'hui il est redevenu un des segments" de l'industrie musicale, souligne Pascal Bussy, le directeur du Calif (Club action des labels indépendants français).Preuve que le marché redevient florissant, les ventes de vinyles sont en constante progression en France depuis six ans. En 2017, elles représentaient 12,2 % du chiffre d'affaires du marché physique encore largement dominé par les ventes de CD pourtant en chute. Autre signe de bonne santé : la plupart des albums qui sortent en France sont désormais édités aussi en version vinyle (en petite quantité), comme ceux de Benjamin Biolay, grand amoureux de la galette dont il parle dans le reportage ci-dessous en connaisseur.Reportage de Laurent Hakim pour France 3 Les vrais "plus" du vinyle Le vinyle, que l'arrivée d'internet aurait pu anéantir, a réussi à se maintenir grâce à ses avantages. D'abord parce que face à la dématérialisation, il est rassurant de tenir en main un bel objet (la pochette, souvent véritable oeuvre d'art). Ensuite parce que le vinyle a un son de bien meilleure qualité, souvent plus chaud et nuancé, que le MP3. Mais aussi parce qu'il a su s'adapter à l'époque: beaucoup de vinyles neufs sont édités aujourd'hui avec un code qui permet de télécharger gratuitement le même album en version MP3, afin de pouvoir l'écouter aussi sur des supports numériques comme son téléphone portable.Le disquaire hybride a le vent en poupePascal Bussy se dit "confiant en l'avenir, d'autant que le nombre de disquaires augmente". Une dizaine de nouveaux magasins ont ouvert en France l'an passé, dont certains ont élargi leur offre à d'autres services. "Le disquaire hybride se développe", confirme-t-il.A Paris, il y a par exemple le Walrus, un bar tenu par deux femmes où l'on peut aussi acheter ses albums. D'autres concepts plus originaux encore ont récemment vu le jour comme "De bruit et d'encre" qui propose disques et tatouages à Rouen ou encore "Tabac Presse Musique" à Saint-Laurent-en-Grandvaux dans le Jura.La demande de fabrication de vinyle exploseAutre preuve de la bonne santé du vinyle, la demande pour les faire fabriquer explose. Pour y répondre, MPO, la plus importante usine de pressage en France, qui avait revendu certaines de ses presses, en rachète désormais là où il en reste, en Afrique ou en Amérique du Sud. Et actuellement son délai de fabrication des disques est de trois mois. Reportage :B. Persia / D. Beaumont / K. Schmid Au Japon, le géant Sony vient lui de se remettre à presser des vinyles, avec un objectif prévisionnel de production de 800.000 disques pour sa première année d'exploitation. Et ce n'est pas fini : d'ici à un an devraient apparaître sur le marché des disques vinyles HD (haute définition), dont la durée de vie est vouée à être bien plus longue.