Chaque année dans un lieu différent, tenu secret
Grand-messe techno française, le Teknival (qui se tient jusqu'au 1er mai) est organisé chaque année dans un lieu différent, tenu secret jusqu'aux dernières heures. A de rares exceptions, il a lieu sans l'accord des autorités. Comme chaque année 60 pompiers, 250 gendarmes, le Samu et des associations de protection civile sont cependant mobilisés pour assurer la sécurité "sanitaire, publique et routière" autour de l'évènement, a dit la préfecture de la Marne.
Le Teknival, édition 2018
© François NASCIMBENI / AFPL'illégalité comme mot d'ordre
Quand c'est illégal, "on est moins parqués, on choisit plus ce qu'on a envie de faire", estime Raphaël, qui fait partie depuis huit ans d'un soundsystem basé à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Il est arrivé vendredi. "On était une cinquantaine de camions et voitures. On a dit aux gendarmes, Si on ne rentre pas, on bloque la route, les villages".Mais illégal ne veut pas dire "que c'est n'importe quoi", poursuit le jeune homme. "Chaque sound system fournit 5-6 bénévoles, pour gérer le parking, les déchets, la sécurité. Au total, on est environ 200 prêts à intervenir en cas de problème." Mais selon lui, il y a "très peu d'incidents". Alors que le Teknival se déroule cette année sur une zone écologique classée "Natura 2000", il montre les nombreux sacs-poubelle accrochés aux rétroviseurs des voitures: "Le plus souvent on arrive à rendre le site aussi propre qu'on l'a trouvé", dit-il, vantant l'"esprit d'entraide" et l'"autogestion" du mouvement.

Ambiance au Teknival 2018
© François NASCIMBENI / AFPBesoin d'une "liberté temporaire"
Le besoin d'appartenir à "un mouvement", d'avoir des lieux de fêtes "moins guindés", "gratuits", c'est déjà ce qu'entendait Jean-Marc, il y 25 ans. Agé de 61 ans, il est membre depuis 20 ans de Techno, une association qui informe les consommateurs de drogue. Sur son stand, des dizaines de personnes viennent prendre des bouchons d'oreilles ou un "roule ta paille", un carré de carton individuel pour "sniffer" en limitant les risques.Pour expliquer le succès continu des rassemblements techno, il évoque notamment le besoin d'une "liberté temporaire". Les "teufeurs" "acceptent en grande partie la société, le monde tel qu'il est. Même s'il n'est pas simple, ils s'y plient", explique-t-il. Mais, "il y a un besoin d'un espace où se libérer, faire la fête totalement". Samedi, alors que le soleil baissait et que la musique se faisait de plus en plus forte, des dizaines de voitures continuaient à arriver. "Si des jeunes sont ici", 25 ans plus tard, poursuit Jean-Marc, "c'est qu'ils en ont besoin."