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Les femmes libérées de Peter Knapp à la Cité de la Mode

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
L’exposition "Dancing in the Street, Peter Knapp et la mode 1960-1970" offre à travers une centaine d’images - pour la plupart inédites - une vision de l’une des périodes les plus iconoclastes de l’histoire de la mode, deux décennies synonymes de liberté et de créativité. Voyage dans l'univers joyeux de Peter Knapp, un artiste attachant, à découvrir jusqu'au 10 juin 2018. Nostalgie !

Corinne Jeammet

Les décennies 1960 et 1970 sont pour la mode et plus largement pour les esprits, synonymes de liberté et de créativité. Peter Knapp n’est pas simplement le témoin de cet incroyable moment, il va contribuer à mettre en images ce nouveau monde. Une époque particulière puisque c'est "celle où le prêt-à-porter prend le pas sur la couture. Un vent qui provient des USA" explique le photographe. 
 (Corinne Jeammet)
Que ce soit pour les maisons de couture André Courrèges, Emanuel Ungaro, Yves Saint Laurent et Pierre Cardin (entre autres) ou pour les magazines (Elle, Stern, Vogue…), Peter Knapp maîtrise les figures imposées. Les contraintes, il les accepte et accompagne tout ce que Paris propose d’innovant parfois même d’irrespectueux. Ainsi pour la photo ci-dessus avec un modèle Emanuel Ungaro, le photographe explique avoir "plutôt voulu faire un hommage au sculpteur de l'armure que porte la mannequin, en l'occurence Grace Jones".
 (Corinne Jeammet)
Entre un noir et blanc minimal et une couleur saturée, le photographe veut "formaliser une certaine idée du bonheur". François Cheval, un des commissaires de l'expostion, précise que "pendant cette période de croissance, l'avènement du prêt-à-porter arrive à point". La palette de l'artiste ne se limite pas à son appareil, à son matériel ou à son éclairage. C'est donc un ensemble de règles, dictées à son oeil affûté par sa connaissance de l'art et de l'esthétique, comme ici pour cette photographie de modèles Pierre Cardin pour Vogue en 1971. 
 (Corinne Jeammet)
Dès le début des années 1960, le magazine de mode dans sa nouvelle configuration se refuse à imposer un modèle féminin. Le discours se concentre autour de l'idée d'une beauté partagée du genre. Tout en adhérant à ce concept, le photographe ne renie jamais son désir de donner à voir une figure idéalisée. Ici, "l'érotisme n'a rien d'évident. La ligne, les angles, l'équilibre et l'étude appliquée de la composition contribuent à la portée sensuelle de l'image" indique le photographe. 
 (Corinne Jeammet)
Provenant des archives personnelles du photographe, chaque image de l’exposition raconte plus qu’une décennie de mode. Il s’agit, ici, de voyager dans l’univers ludique et joyeux d’un artiste complet, qui tout à la fois saisit la vision des créateurs, valorise le modèle et rend lisible le vêtement ou l’accessoire. À travers des formes graphiques, de la couleur saturée ou du noir et blanc minimaliste, Peter Knapp exprime sa volonté de formaliser le bonheur et de s’affranchir de la commande en variant les écritures.
 (Corinne Jeammet)
Peter Knapp traduit en images ce moment où les femmes se libèrent des carcans qui les corsètent, où modernité rime avec vie. C’est désormais dans la rue, dans les champs, sur la plage… que se découvrent des silhouettes débarrassées de toute contrainte. Les modèles dansent et sautent, l’essentiel est dans le mouvement. "Courrèges s'est posé des questions. C'est plus un designer qu'un couturier. Il a une réflexion sur la fonction du vêtement : jupe courte, talon plat" précise Peter Knapp.
 (Peter Knapp)
"Je me suis trouvé très à l'aise dans ce genre de mode. Ce qui est à montrer est clair. Je me limite à ce qui est là" explique Peter Knapp devant cette sélection de photos en noir et blanc. Pour aller encore plus en avant dans l'univers du photographe, une application sur smartphone propose des contenus originaux : processus de création, contexte, transformations, images d’archives… Ce parcours audio, comprenant une sélection de fragments vidéo et d'images, accompagne le visiteur ; les oeuvres sont racontées et décodées par Peter Knapp et François Cheval, un des commissaires de l'exposition. 
 (Corinne Jeammet)
En prolongement de l'exposition à la Cité de la Mode et du Design, les photographies de Peter Knapp s'installent sur le parvis de la gare de Lyon jusqu'au 28 avril. Réalisées au tout début des années 1960 aux Saintes Maries de la Mer et dans les rues de Paris, deux séries mode montrent les mannequins à la plage devant des modules dessinés par le designer Slavik et en ville avec des effets de flous et de lumière. La photo ci-dessus a été publiée dans le magazine Elle en 1960.
 (Corinne Jeammet)
Outre les deux séries mode en noir et blanc exposées sur le parvis de la gare de Lyon, le public peut poursuivre son voyage dans les années 60 avec une autre série photographique tout en couleurs installée dans le hall 3 de la gare.
 (Corinne Jeammet)

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