Les bagues, exposées dans des vitrines, sont mises en valeur dans une scénographie imaginée par l’architecte d’intérieur Jérôme Thénot, qui restitue l’univers gothico-mystique d’Yves Gastou. Les sept thèmes choisis illustrent la diversité du collectionneur : néoclassique, chevalerie, gothique, religieux, vanités, ethnique et curiosités.
Yves Gastou : "J’ai eu ma première bague à l’âge de 9 ans. Nous étions à Cadaqués en Espagne. Ma mère m'avait offert cette petite chevalière en argent avec mes initiales. Je l'ai perdu depuis."

Une des bagues de la collection d'Yves Gastou
© Corinne JeammetYves Gastou : "Un peu plus tard, j’avais 14-15 ans, j’étais à l’église Saint-Martin de Limoux où il y avait une grande procession. À la fin de la cérémonie, on allait baiser la main de l’évêque. Ma mère m’a dit : cela fait cinq fois que tu vas baiser la main de l’évêque. Je lui ai répondu : mais maman il a une si belle bague."
Pourquoi cette collection ?
Yves Gastou : "Si je sors sans bague, je me sens nu. Pour moi la bague est un objet sensuel. Les collectionner est un acte sexuel, sensuel. Bagues de fiançailles, de mariage, d’amour, de souvenir… c'est aussi une protection. Auparavant il fallait ainsi rendre sa bague de fiançailles si par exemple la relation cassait. La bague avait donc toute son importance."

Plusieurs bagues de la collection d'Yves Gastou
© Olesya OkunevaLa joaillerie masculine, bien plus qu'un élément de parure
Les différentes mutations de la société entraînent des évolutions quant à l’usage des bijoux masculins et au rapport de l’homme avec la coquetterie. La joaillerie masculine se fait l’écho d’une réalité sociale, politique, économique et artistique. Bien plus qu’un élément de parure, le bijou masculin est à la fois instrument d’affirmation du pouvoir, outil de communication et accessoire de mode.
Plusieurs modèles de bagues de la collection d'Yves Gastou
© Olesya OkunevaPour Delphine Antoine, commissaire de l’exposition : "Cette collection est iconoclaste. Il y a beaucoup de provocation. Elle raconte une personnalité contradictoire. C’est l’histoire visuelle du collectionneur. Elle a un aspect sociologique puisqu’elle donne à voir le passé, le présent et notre civilisation. Aujourd’hui, on note un changement, avec le retour du bijou masculin mais décodifié, avec une plus grande liberté dans le porté du bijou."

La bague Biker et la bague tête de mort d'Yves Gastou
© Bertrand Saint GenesYves Gastou, la passion de l'accumulation
Yves Gastou exerce son métier depuis trente ans à Saint-Germain-des-Prés. Antiquaire défricheur, il sera le premier de sa génération à confronter le mobilier français et italien des années 40-50-70 aux pièces emblématiques du design des années 80. Il a constitué cette collection de bagues avec frénésie, acharnement, au gré à la fois de son parcours habituel de chineur (brocantes, ventes publiques, fonds de stocks de joailliers, fonds d’ateliers) et de ses voyages.
Le collectionneur Yves Gastou, octobre 2018 à l'Ecole des Arts Joailliers
© Corinne JeammetEn complément de l'exposition, il y a la publication de deux ouvrages. Le premier est un livre "Bagues d’Homme" (Editions Albin Michel) ainsi qu’un catalogue, un hors-série du magazine Connaissance des arts, offert aux visiteurs de l’exposition.

Livre "Bagues d’Homme" aux Editions Albin Michel
© Editions Albin MichelL’école des Arts Joailliers : initier le public à l’âme de la joaillerie
Installée depuis 2012 place Vendôme, l’École propose à un public adulte et enfant un programme d’ateliers, de cours et de conférences dispensés en anglais ou en français par des joailliers, dessinateurs, maquettistes, historiens d’art, gemmologues, horlogers, laqueur ou émailleur. L'École des Arts Joailliers, dédiée à l'apprentissage et la découverte du monde de la joaillerie, propose des cours autour de trois thématiques : histoire de l'art du bijou, le monde des pierres, et le savoir-faire. "On a greffé des activités comme les conférences, les ateliers et plus récemment les expositions", explique Marie Vallanet-Delhom.
Sur un plateau un semble de bagues à l'esprit rock du collectionneur Yves Gastou
© Corinne Jeammet