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Mes goûts et mes couleurs : Maxime Simoëns jongle entre masculin et féminin

Après avoir présenté pendant de longues années des collections féminines, Maxime Simoêns lance en 2016 sa ligne masculine M.X. Un an plus tard, il devient également le directeur de la maison Azzaro. Rencontre avec un créateur qui jongle entre féminin et masculin.
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le créateur Maxime Simoên, portrait officiel
 (Tine Claerhout)

5 questions à Maxime Simoëns

Quelle est la pièce préférée de votre dernière collection printemps-été 2018 pour Azzaro ?

C’est une tenue en velours dévoré à motifs panthère. Cette petite robe, façon nuisette, avec un col lavallière noué par un gros bijou en strass de cristal, est portée avec un manteau en plumes d’autruche et de coq de couleur fuchsia. La mannequin black, au crâne rasé, qui porte ce look a un côté féminin et "Tomboy" (garçon manqué). Il se dégage de cette silhouette quelque chose d’éclatant, de beau et de pas forcément attendu. Ce look représente bien mon ADN : du velours dévoré récurrent, un mannequin black (il y en avait beaucoup lors du défilé), le côté féminin et androgyne. 
Azzaro printemps-été 2018, janvier 2018 à Paris 
 (Courtesy of Azzaro)

Et l'automne-hiver 2018 pour M.X ?

C’est un look composé d’un sweat noir et gris inspiré de l’univers Pac-Man réinterprété, porté sous une parka en toile de laine (habituellement utilisée pour les costumes) avec un jogging noir ceinturé d’un gros cordon (façon corde d’escalade) dans les tons noirs, blancs et gris. Le tout est complété par un sac-à-dos recouvert de clous façon "swirled" (tourbillonné) : ces boutons polis ressemblent à ceux utilisés sur les machines technologiques. Le tout est surmonté d’une casquette en mouton avec une visière en cuir et velours. Ici, chaque élément est détourné sans être trop extravagant. Ce look allie le côté rétro-gaming (jeux vidéo anciens) aux codes de ma marque (sportswear et casual wear). J’aime tout particulièrement l’alliance du casual et du formel.
M.X automne-hiver 2018
 (Courtesy of M.X)

Quel couturier vous a marqué au cours de votre carrière ?

Jean Paul Gaultier que j’ai côtoyé et dont j'avais vu les croquis de costumes de scène pour un concert de Madonna. J'aime aussi André Courrèges, pour son côté structuré et architecturé, ainsi que Nicolas Ghesquière quand il était chez Balenciaga, en termes de recherche  et de technicité, c’était quelque chose d’évident. Enfin, Elie Saab pour son approche sensuelle et féminine, pour ses princesses féériques. Ce couturier a quelque chose que les autres n’ont pas : la faculté de rendre sublime la femme.
Le couturier libanais Elie Saab.
 (Courtesy of Elie Saab)

Quel est le dernier livre lu ?

"Le bonheur des dames" d’Emile Zola. Il y a quelque chose de sociologique dans ce roman, toujours valable à notre époque : le vêtement, son appartenance à une classe. Longtemps, l’exotisme des autres cultures inspirait les couturiers (Asie, Russie, Amérique…). Dans la mode actuelle, c’est différent : les créateurs s’inspirent des codes de personnes qui ont peu de moyens, c’est un portrait social... du banlieusard. C’est cynique. Si John Galliano avait pour Christian Dior réalisé une collection inspirée des clochards, il avait cependant utilisé des matières sublimes, contrairement à aujourd’hui. Socialement, c’est pervers. Pour ma marque masculine M.X, je m’inspire du sport, tout en essayant de correspondre au maximum à mon époque. Une époque où le terrain entre le formel et le casual s’est effacé. 

Quelle est la dernière exposition vue ?

L’exposition Alaïa "Je suis couturier". Cette exposition est très futuriste dans sa scénographie avec par exemple le rétro éclairage utilisé pour mettre en avant les vêtements. C’est une mode intemporelle : 95% des pièces sont méga actuelles. Le vêtement ne fait pas daté. Azzedine Alaïa avait compris l’envie des femmes d’être sublimées, d’être mises en valeur. Le chic, la structure du vêtement et la coupe, tout y est : c’est ça l’essence du couturier, c’est ça qui fait qu’une pièce devient incontournable et mythique.
Azzedine Alaïa "Je suis couturier" : couture 1981 et 1983.
 (Corinne Jeammet)

Quel est le dernier coup cœur musical ?

Hyphen Hyphen, c’est un groupe niçois. Ils ont fait des études d’art. Nous les avons habillés pour un album. J’aime leur album "Times & Lives" de 2016. C’est une musique alternative mais avec un côté pop électro. J’adore la voix de la chanteuse américaine, elle est hyper charnelle et ressemble un peu à la voix d’Adèle. J’aime ce côté léger et fun.

MAxime Simoëns, un créateur a la double casquette

En 2006, Maxime Simoëns sort major de sa promotion à la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne. Il poursuit son apprentissage auprès des maisons Jean Paul Gaultier, Elie Saab, Christian Dior et Balenciaga. En 2008, il participe au festival d’Hyères où sa collection fait sensation et crée en 2009 sa maison consacrée à la mode féminine. En 2011, il intègre le calendrier de la couture. Son style met en avant des silhouettes architecturées, des découpes structurées ainsi que des broderies et des imprimés intégrant des mises en abyme et des illusions d’optique. Designer plébiscité par les stars, il habille célébrités et amies du monde de la musique et du cinéma. Dès 2013, il défile dans le calendrier du prêt-à-porter féminin. En 2016, il lance M.X Maxime Simoëns, marque de prêt-à-porter pour homme à la fois créative, sportive et ultra contemporaine inspirée du sportswear et de la technologie.

Le créateur Maxime Simoëns, mars 2018
 (Corinne Jeammet)

Désormais en charge des collections couture et des lignes de prêt-à-porter et accessoires homme et femme, le créateur français a présenté sa première collection pour la maison Azzaro lors de la semaine de la haute couture en juillet 2017 à Paris.

Intitulée "Forever Kid", sa collection automne-hiver 2018-19 pour M.X s’inspire de l’univers esthétique et graphique du début de l’ère des jeux vidéo où les Pac-Man, Tetris, Archanoid ou Space Invaders régnaient en maître. Cette collection questionne le lien complexe entre cette esthétique eighties et le gamer. L’homme M.X puise son inspiration dans les symboles de la culture du rétrogaming mais aussi dans l’environnement qui l’entoure : imprimés graphiques, tissus techniques et coupes contemporaines. L’exigence et le soin apporté aux détails ainsi qu’aux matières donnent un véritable esprit techno-couture à cette collection.

 

 


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