"Chez colette, on vient chercher l'exclusivité"Située au 213 de la très chic rue Saint-Honoré, la boutique colette (avec un c minuscule) doit une partie de sa réputation à la vente de produits en série très limitée, et à des collaborations artistiques pointues avec de grandes marques."Chez colette, on vient chercher l'exclusivité", soulignent Gabriel et Kevin, 21 et 22 ans, se rappelant, des étoiles dans les yeux, d'une paire de baskets vendue à 500 exemplaires, née d'une collaboration entre le chanteur Pharrell Williams et Chanel. Prix de cet objet de désir: 1.000 euros.A quelques heures de la fermeture, prévue mercredi à 19h, les clients se pressaient à la recherche d'un objet à acheter, en guise de souvenir, sur les trois étages de la boutique. Comme Cherry, 25 ans, une étudiante chinoise à la recherche d'un masque pour le visage. Des objets de 4 à 10.000 eurosCar, la spécificité de colette est de vendre des objets aussi divers que des vêtements de luxe, des livres d'art, des gadgets, des baskets ou des cosmétiques. Une veste Saint Laurent à 9.990 euros côtoie une éponge à 4 euros ou des coques de téléphone à plus de 200 euros. Un mélange des genres qui a fait le succès de ce concept-store. Après avoir été vu comme un effet de mode, ce lieu original est vite devenu incontournable pour les aficionados de la mode. Mais colette a aussi changé l'énergie du pâté de maisons où elle est située et inspiré de nombreuses boutiques à Paris et ailleurs. "Chez colette, il y a toujours le produit qu'il faut", souligne Anouk, 59 ans. "C'est une boutique géniale mais très chère", indique celle qui aime se rendre au "water bar", un bar à eau en sous-sol proposant quantité d'eaux minérales ainsi que des plats pour se sustenter.Karl Lagerfeld et mixité socialeLe lieu compte de nombreux adeptes parmi lesquels le couturier Karl Lagerfeld, qui y passait très régulièrement, ou la papesse de la mode Anna Wintour. Des stars de la musique, comme Katy Perry ou Kanye West, mais aussi de nombreux rappeurs américains, y faisaient toujours un saut durant leur séjour à Paris, notamment pendant la semaine de la Mode.Mais la patronne étant soucieuse de mixité sociale, elle souhaitait un lieu non intimidant où les anonymes jeunes et moins jeunes de toutes origines sociales aimaient aussi venir s'inspirer. Un des 120 salariés qu'emploie la boutique témoigne ainsi dans le Nouvel Obs : "Je viens de banlieue. Colette ne s'occupe pas de recruter des gens de son milieu. Elle donne sa chance à tout le monde. La mixité française, pour moi, c'est dans cette boutique qu'elle a pris son envol." Un (ou une) autre salarié(e) estime qu' "Avant colette, Paris n'était pas moderne. Paris était à la mode mais pas la modernité."Mais qui est colette ?Colette est dirigée depuis ses débuts par un duo discret: Colette Roussaux, qui prend sa retraite, et sa fille Sarah Andelman, directrice artistique de la boutique. A la surprise générale, la boutique avait annoncé sa fermeture cet été par un simple communiqué : "Colette Roussaux arrive à l'âge où il est temps de prendre son temps; or, colette ne peut exister sans Colette". Le fameux concept-store deviendra courant 2018 une boutique Saint Laurent.