Tout est dit dans le titre. "Fa(m)ille", le roman d’Audrey Dana est une histoire de famille, mais aussi celle d’une faille. Au début des années 80, ses parents décident d’acheter une maison dans la Beauce. Une ruine inhabitée depuis la seconde guerre mondiale et qui devient vite un gouffre financier. Son père s’en va. Pour survivre, sa mère décide d’accueillir des enfants de la DDASS."Je pousse sans racines"Audrey a six ans et à l’époque elle a l’impression de "pousser sans racines". "Il n’y a pas de grands-parents dans la photo de famille", explique l’auteure. "J’ai la sensation que l'arbre généalogique commence à la naissance de mes parents". Des parents démissionnaires qui laissent leurs quatre enfants livrés à eux-mêmes pour faire face aux galères d’argent et au fonctionnement de cette grande baraque remplie d’enfants de la DDASS. "Il y avait toutes les tragédies possibles, toutes les névroses possibles, toutes les nationalités possibles… j'ai beaucoup appris, j'ai beaucoup grandi en habitant dans cet endroit aussi divers".Vers une adaptation au cinéma ?Loin d’éprouver de la rancœur, c’est avec gratitude qu’Audrey Dana dit avoir écrit ce roman : "Ce livre pour moi, c'est une manière de dire merci, merci à la vie, à ce qu'elle m'a offert. Je crois que ces épisodes, ces parents très immatures mais follement romanesques m'ont vraiment ouverte au monde". Aujourd’hui Audrey Dana est une comédienne et une réalisatrice reconnue. Après deux premiers films - "Sous les jupes des filles" (2014) et "Si j’étais un homme" (2017) - et un troisième en préparation ("Hommes au bord de la crise de nerf"), "Fa(m)ille" pourrait-il être adapté à l’écran ? "Peut-être", glisse l’artiste dans un sourire, "on me le demande beaucoup. C’est mon ventre qui me dira…""Fa(m)ille" d'Audrey Dana paru le 16 janvier 2019 aux Editions des Equateurs. Broché, 222 pages, 19 euros.