
Le sourire bleu-blanc-rouge d'Ahmed Merabet, le policier exécuté par les frères Kouachi, s'est posé sur un boitier électrique du Boulevard Richard-Lenoir. Une commande de ses collègues auprès de C215 réalisée à la veille de la journée de commémoration des attentats contre Charlie Hebdo.
© Michaud Gael / NurPhotoDevoir de sauvegarde
C'est dans son atelier-domicile d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) qu'il a scalpé sa série de portraits. Des brouillons traînent encore entre ses pochoirs de chats ou de clochards, qui l'ont fait connaître au public et ont fait grimper sa cote dans les salles de vente. Dix ans après des débuts tardifs à 32 ans - des portraits de sa fille dont il était éloigné -, ses pièces s'arrachent entre 2.000 et 10.000 euros. "Je suis à l'abri de la précarité économique et artistique", assure cet historien de formation, à ceux qui le soupçonneraient de faire "de l'autopromotion sur la commémoration".
Portraits de Cabu et Charb signés du pochoiriste C215, janvier 2016
© JOEL SAGET / AFPUn an après, son constat est amer: "l'émotion s'est dissipée, on est passé à autre chose, surtout que d'autres malheurs sont survenus". "Sensible à la mémoire", il conçoit sa série de pochoirs comme "un devoir de sauvegarde de toutes les valeurs et les émotions qu'on aurait tendance à oublier". La série pourrait s'enrichir de nouveaux portraits "notamment d'autres Charb dans les lieux qu'il aimait et qu'il fréquentait", annonce ce "catholique et laïc", "fan du militantisme anti-fondamentaliste" du caricaturiste. "Mais je ne compte pas endosser le costume de Robin des Bois des causes justes", prévient celui qui aime se présenter comme "un pov' type qui cherche avant tout à se marrer".