On se retrouve donc au milieu de la Porte Maillot, dans le grondement des voitures, où Romanès a installé son chapiteau, et là, miracle, on pénètre sous la toile et on est ailleurs, avec des chats dans des caddies, des chats qui se promènent, et Israel Galvan.

Un corps comme une boite à rythmes
Galvan nous accueille perché sur des socques japonaises, et tout de suite il commence avec des gestes très doux à nous faire entrer dans sa danse, dans son univers. Les socques en se déplaçant font comme un bruit de percussion ou de castagnette. Il improvise sous nos yeux, ou semble improviser, une nouvelle tranche de vie, sans s’occuper de nous, perdu dans son monde. Nous on s’est installé dans l’espace intime du cirque, on est presque à le toucher, on se sent au plus près de ses pulsions, de ses silences, de ses gestes tranchants ou suspendus. Accompagné par l’excellent guitariste Emilio Caracafé, le danseur joue de tout son corps comme une boite à rythmes.
Galvan s'amuse
Soudain il jette les socques, enfile ses bottines de flamenco, et se lance dans des zapateados (claquements de pieds) complètement fous. Les puristes sont ravis, on est au coeur de la danse. Une cithare est renversée sur le sol, Galvan frotte ses chaussures contre les cordes tout en poursuivant ses figures. Les chats arrivent, on les pensait intrigués par le bruit mais non, avec une indifférence de chat ils observent le danseur puis s’en vont. Ce sont ensuite des ustensiles de cuisine qui serviront d’orchestre déglingué que le danseur envoie valdinguer en bondissant sur un double plateau à ressort. On a vraiment l’impression que Galvan s’amuse, tout en respectant scrupuleusement les codes de la danse, imaginant une symphonie bruitiste pour soutenir sa chorégraphie. Il se lance à lui-même des défis sur le mode du jeu, comme lorsqu’il troque ses chaussures pour celles toutes rouges des danseuses.