Assez rapidement, j'ai choisi de travailler sur le mot salut, ça me permettait de travailler sur un geste chorégraphique bien connu des danseurs, de faire le lien formel avec le ballet. Quand on parle du salut dans de ses multiples significations, on pense au bonheur, à la prospérité, à la vie éternelle pour les croyants. Mais aussi ce qui est intéressant, c'est que le salut vient après un tourment, après un péril, après une fuite… On ne nait pas avec le salut, on l'obtient. Le salut sacré ou le salut plus quotidien.
Vous avez 5 semaines seulement pour faire cette création avec les danseurs de l'Opéra ?
Ce n'est pas beaucoup, beaucoup, parce que c’est une rencontre. Ils ne me connaissaient pas, je ne suis pas dans les codes de l'Opéra, je ne viens pas du sérail, je n'ai pas leurs habitudes de travail très fractionnées dans le temps. Il faut qu'on s'apprivoise des deux côtés.

Pierre Rigal (en blanc)
© Agathe Poupeney/Opéra national de ParisLa première partie fait référence à l'archétype classique, on reconnait un salut, et on traverse des codes, des mouvements de danse que l'on reconnaît. Bien sur la tenue vestimentaire des danseurs, le tutu, la veste, le collant, et puis dans la chorégraphie il y a des références au ballet romantique, au ballet classique. Mais ça se déconstruit au fur et à mesure, pour arriver à une reconstruction, à une renaissance.

"Salut" de Pierre Rigal en création à l'Opéra Garnier
© Agathe Poupeney/Opéra national de ParisLes deux. Chorégraphe ce n'est pas toujours suffisant comme mot. Chorégraphe c'est quelqu'un qui invente des mouvements. Quand on fait une pièce, il ne faut pas uniquement inventer des mouvements, il faut inventer une dramaturgie, et faire une mise en scène. La frontière est floue, il faut être un peu les deux. Je me sens un peu peintre aussi, car il faut créer des images, des formes, des couleurs, je me sens un peintre sur une toile un peu dynamique.

Première création de Pierre Rigal avec les danseurs de l'Opéra de Paris
© Agathe Poupeney/Opéra national de ParisDans tous mes spectacles il y a création d'une musique originale. La musique se construit en cours. Evidemment au 1er jour des répétitions Joan arrive avec un petit stock de musiques qu'il va malaxer. Et surtout il est tout le temps là, à côté, car tout se construit ensemble, dans le but créer une musique idéale pour chaque scène. On est dans une interactivité optimale. Souvent se sont les danseurs qui suivent la musique, là il y a un retour. Il y a aussi la musique qui va suivre les danseurs, j'aime bien ce résultat.
Ça vous démange d’être sur scène ?
J'aimerais être sur scène, être à leur place. Etre chorégraphe c'est le pouvoir de créer des choses, mais c'est aussi une grande angoisse. J'aime travailler sur le plateau, manipuler les danseurs, si je pouvais je me déguiserais en danseur de l'Opéra et frauduleusement mardi je serais sur scène !

Répétition de "Salut" à Garnier, Jérémie Bélingard à droite
© Agathe Poupeney/Opéra national de ParisLire l'article "Le chorégraphe Pierre Rigal entre au pas de course au répertoire de l'Opéra"
Nicolas Paul/Pierre Rigal (création)/Edouard Lock/Benjamin Millepied (création) à l'Opéra Garnier
Du 3 au 20 février 2015
Réservation : 08 92 89 90 90
https://videos.francetv.fr/video/NI_155077@Culture