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"Play" : Alexander Ekman transforme l’Opéra Garnier en cour de récréation

Il en rêvait le voici à l’opéra de Paris avec une création, "Play", à l’invitation d’Aurélie Dupont. Le Suédois Alexander Ekman, 33 ans, explore avec fantaisie et humour pourquoi nous cessons de jouer en grandissant. "Nous ne cessons pas de jouer parce que nous vieillissons. Nous vieillissons parce que nous cessons de jouer", nous dit-il en substance.
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Vincent Chaillet et Silvia Saint-Martin dans "Play"
 (Ann Ray/Opéra national de Paris)

Ekman a débuté comme danseur au Ballet Royal de Suède puis au Nederlands Dans Theatre à la Haye et au Culberg Ballet à Stockholm. Devenu chorégraphe, ses pièces sont dansées à travers l’Europe. C’est avec "A Swan Lake", inspiré du "Lac des cygnes" que Paris le découvre, suivra "Songe d’une nuit d’été" (à voir sur Culturebox live). Ekman cherche à surprendre, notamment en substituant à la musique d’origine (Tchaïkovski pour "Le lac des cygnes" par exemple) la partition de son comparse Mikael Karlsson. Et c’est de nouveau celui-ci qui signe la musique electro de "Play".

"Play" à l'Opéra Garnier
 (Ann Ray/Opéra national de Paris)
"Play" est une immense cour de récréation ! Le décor est superbe, enchevêtrement de cubes suspendus, musiciens jouant en direct sur une mezzanine accompagnés par la chanteuse gospel Calesta Day.

Mille espiègleries

Les 37 danseurs, libres et innocents, improvisent mille espiègleries. D’énormes ballons blancs circulent dans la salle. Perchées sur des cubes, des danseuses font des pointes. Soudain une horde de filles déguisées en cerf, avec casques ornés de branches, jouent à faire semblant ou au chef d’orchestre. Le premier acte se termine dans une immense piscine à balles. Certes l’image est belle, le propos léger, mais la danse manque d’acuité et de propositions.
"Play":  jeux de balles à l'Opéra Garnier
 (Ann Ray/Opéra national de Paris)

Rupture de ton dans la seconde partie qui nous plonge dans la brutalité, la grisaille et l’abrutissement du monde du travail. Un temps où Ekman estime que l’on perd cette manière ludique de faire les choses. Les corps bridés, penchés, sont soumis à la répétition des tâches. Là encore on n’a pas le sentiment de découvrir une écriture, un univers, contrairement à son compatriote Mats Ek.

Le spectacle se termine par une gigantesque partie de balles entre les danseurs et le public avec qui les frontières sont abolies. Peut être la meilleure idée de ce "Play" même si on n’est pas sûr que le spectateur ait envie de payer 95 euros pour jouer à la balle avec le corps de ballet de l’opéra, aussi talentueux soit-il ! Mais on doit reconnaître que le soir de notre venue le public ne boudait pas son plaisir.

Esprit de troupe

Une soirée marquée par un vrai esprit de troupe. Ekman fait de chacun des 37 danseurs une pièce du groupe, sans qu’aucun ne soit mis en vedette. On aura tout de même remarqué la grâce de Marion Barbeau, les sauts de François Alu et Simon Le Borgne en maître de jeu.
Marion Barbeau et Simon Le Borgne dans "Play"
 (Ann Ray/Opéra national de Paris)

"Le Songe d'une nuit d'été" que Culturebox propose en live en ce moment, est une séduisante porte d'entrée sur l'oeuvre d'Alexander Ekman.


Dans les coulisses de la création de "Play" : le reportage de Nathalie Berthier

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