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Interview Sandrine Kiberlain à deux âges de la vie dans "La Belle et la Belle"

Sandrine Kiberlain est à l'affiche du nouveau film de Sophie Fillières, "La Belle et la Belle", une histoire troublante sur le temps qui passe. Comédienne au théâtre et au cinéma, mais aussi chanteuse, Sandrine Kiberlain est l'invitée du magazine "20h30, le dimanche". Elle évoque son parcours, ses envies et ses choix. Elle est rejointe par Alexandre Desplat, le compositeur récemment oscarisé.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4 min
Sandrine Kiberlain invitée le plateau de France 2 pour le film "La Belle et la Belle"
 (France 2 / Culturebox)

Daniel Mesguich dit d'elle qu'elle "n'est pas la plus ambitieuse, mais la plus travailleuse", depuis près de trente ans, Sandrine Kiberlain illumine le cinéma. Une force de travail et une curiosité insatiable qui l'a fait explorer la vie et les arts. Elle joue la comédie aussi bien qu'elle porte les rôles dramatiques, décalée, acharnée, toujours un peu amusée, Sandrine Kiberlain est l'invitée de Laurent Delahousse dans le magazine "20h30 le dimanche" pour son nouveau rôle dans "La Belle et la Belle", réalisé par Sophie Fillières. Un film qu'elle juge elle-même "très cinématographique".
Le compositeur Alexandre Desplat, récompensé d'un Oscar de la meilleure musique de film pour "La Forme de l'eau" les rejoint en fin d'émission.

Le temps qui passe

Plus jeune, on disait d'elle qu'elle était trop longue, trop blonde, qu'elle avait trop de taches de rousseur. Une multitude de petits "Trop" qui inscrivent son nom à plus de cinquante films en trente ans. Sandrine Kiberlain est de retour au cinéma dans le film de Sophie Fillières. Elle se partage l'affiche avec Agathe Bonitzer et Melvil Poupaud dans "La Belle et la Belle", sur les écrans le 14 mars. Un rôle singulier dans lequel elle joue Margaux, 45 ans, qui rencontre... Margaux, 20 ans. Le tout les unit, il s'avère qu'elles ne forment qu'une seule et même personne, à deux âges différents de leur vie. Une parabole sur le temps qui passe qui raconte une drôle de rencontre avec soi-même, 25 ans plus tôt.  

Reportage Nicolas Lemarignier
"La côté irréversible de la vie me touche, j'essaie d'utiliser au mieux les moments à venir", confie-t-elle. La comédienne a découvert depuis peu le réseau social Instagram sur lequel elle poste des photos et immortalise des moments d'intimité. "J'en dis un peu sans en dire trop", dit-elle. C'est aussi une jolie tribune pour rire d'elle. Elle poste récemment une photo d'un  lévrier afghan, un chien au long cou, au grand nez, et aux poils dans les yeux. "Je trouve que ce chien, c'est moi", lance-t-elle moqueuse. 

Du rire aux larmes 
Sandrine Kiberlain est née dans une famille aimante et joyeuse. Attirée dès son enfance par la comédie, elle est encouragée par ses parents et par sa soeur, sa grande fidèle. "Ma famille a toujours eu le recul pour prendre la vie du bon côté et parler des choses graves avec une distance qu'on appelle l'humour", confie-t-elle. Avec toutes ces différences qui font d'elle une personnalité unique, elle se dit très jeune : "J'imposerai qui je suis". Lycéenne, elle parle de ce désir à Francis Huster, qui lui propose de venir observer le travail des élèves du Cours Florent. Le bac en poche, elle y sera admise en classe libre. Elle intègre ensuite le Conservatoire (en ayant passé des scènes du Cid et de... Annie Hall) avec pour prof Daniel Mesguich. Sandrine Kiberlain chérit autant sa famille que ses amis. Daho, Souchon, Biolay et sa grande copine à l'humour décapant, Valérie Lemercier avec qui elle joue "Quadrille".
Benjamin Biolay et Sandrine Kiberlain en duo
 ( LAURENT BENHAMOU/SIPA)

Une galerie de personnage et des rencontres fondatrices

Au cinéma, après plusieurs apparitions ("Cours privé" en 1986, "Cyrano de Bergerac" en 1990), elle décroche le rôle d'une call girl dans "Les Patriotes" de Rochant, prestation qui lui vaut une nomination au César du Meilleur espoir en 1995. Sollicitée par les jeunes réalisatrices, de Laurence Ferreira Barbosa, en passant par Pascale Bailly à Sophie Fillières qui la fait jouer dans son court-métrage "Des filles et des chiens" (1991). "Elle m'a repérée de dos !", se souvient-elle. L’actrice rencontre alors une autre cinéaste prometteuse, Laetitia Masson, qui lui offre le rôle principal de son premier long métrage.
César du meilleur espoir féminin
 (NIVIERE/SIPA)
Dans "En avoir (ou pas)", la comédienne campe Alice, ouvrière à la recherche de l'amour et d'une place dans la société. Un rôle qui séduit la profession, elle obtient en 1996 le César du Meilleur espoir. 

Des étoiles et des récompenses

La liste des récompenses est longue, jusqu'au prix de la meilleure actrice aux César 2010, pour "9 mois ferme" d'Albert Dupontel.
  ( Jérôme Prébois)
Au théâtre aussi elle séduit le public et ses pairs, elle est auréolée d'un Molière pour son rôle dans "Le Roman de Lulu". Et quand la scène et les caméras ne lui suffisent plus, Sandrine Kiberlain flirte avec le micro et se fait chanteuse. Son premier album "Manquait plus qu’ça" sort en 2005 et s'envole assez vite comme disque d'or. "C'est vertigineux tout ça", dit-elle avec sincérité. Malgré tous ces prix et toutes ces récompenses, Sandrine Kiberlain garde la tête froide, mais lorsque le compositeur Alexandre Desplat apparaît en plateau avec son deuxième Oscar, elle a les yeux qui brillent et demande même à le toucher avant de d'affirmer. "Les Oscars ce n'est pas pour moi, je n’ai pas l’ambition de ça". Ambition ou pas, Sandrine Kiberlain et sa bonne étoile décrocheront peut-être un jour les étoiles d’Hollywood. Alexandre Desplat n’en doute pas : "Je pense que tout est possible", assure-t-il à la comédienne. 

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