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Oleg Sentsov dit arrêter sa grève de la faim pour ne pas être nourri de force

Le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, emprisonné en Russie, a arrêté la grève de la faim qu'il menait depuis plus de quatre mois. "En raison de mon état de santé critique et de l'apparition de changements pathologiques dans mes organes, il était prévu prochainement de me nourrir de force", ajoute-t-il. "Mon opinion n'est plus prise en compte".
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Emprisonné depuis 2014, le cinéaste russe Oleg Sentsov était en grève de la faim depuis plus de quatre mois. 
 (ZUMA PRESS/MAXPPP/MAXPPP)
"Je suis forcé de mettre un terme à ma grève de la faim demain, c'est-à-dire le 6 octobre 2018", a fait savoir le réalisateur de 42 ans originaire de la péninsule ukrainienne annexée de Crimée, dans une lettre manuscrite remise à la presse. "En raison de mon état de santé critique et de l'apparition de changements pathologiques dans mes organes, il était prévu prochainement de me nourrir de force", explique Oleg Sentsov, emprisonné dans la colonie pénitentiaire de Labytnangui, au-delà du cercle polaire arctique.

"L'objectif n'est pas atteint"

Oleg Sentsov avait entamé une grève de la faim le 14 mai pour exiger la libération de tous les "prisonniers politiques" ukrainiens détenus en Russie. Après "145 jours de lutte, 20 kilos en moins et un corps brisé", "l'objectif n'est pas atteint", déplore le cinéaste ukrainien. "Je suis reconnaissant à tous ceux qui m'ont soutenu et demande pardon à ceux que je laisse tomber", conclut Oleg Sentsov, terminant son message par "Gloire à l'Ukraine !"

Sa cousine Natalia Kaplan a même écrit sur Facebook qu'elle craignait qu'il ne survive pas, car non seulement ses reins et son foie sont atteints, mais il souffre d'arythmie et d'autres effets secondaires liés à sa longue période de jeûne. "Personne ne peut maintenant dire si Oleg survivra. Il ne lui reste pas grand-chose sur le plan de la santé", "Oleg a choisi de tenter de vivre. J'espère qu'il va s'en sortir", a-t-elle ainsi réagi après l'annonce de l'arrêt de sa grève de la faim. Sur les dernières photos du cinéaste, diffusées fin septembre, on pouvait à cet égard constater qu'il était extrêmement amaigri et manifestement affaibli. "Mon opinion n'est plus prise en compte", poursuit dans sa lettre celui qui refusait de s'alimenter depuis le 14 mai dernier, demandant la libération de tous les "prisonniers politiques ukrainiens" en Russie.
 
"Il a arrêté sa grève de la faim", a déclaré Vitali Maximenko, le directeur adjoint de l'administration pénitentiaire russe au sujet d'Oleg Sentsov, opposé à l'annexion de la Crimée et emprisonné pour "terrorisme" et "trafic d'armes" en Russie, des charges qu'il dénonce. Selon Vitali Maximenko, "les meilleurs nutritionnistes de Moscou ont élaboré un régime spécial pour sa sortie de grève de la faim", ajoutant que le réalisateur "a choisi la vie". 

Condamné à 20 ans de prison

Arrêté en Crimée après l'annexion de la péninsule par la Russie en 2014, il a été condamné à 20 ans de détention à l'issue d'un procès qualifié de "stalinien" par Amnesty International et dénoncé par Kiev, l'Union européenne et les États-Unis. La dernière photographie du cinéaste ukrainien, diffusée samedi par les services pénitentiaires russes, montrait un médecin en blouse blanche auscultant Oleg Sentsov torse nu dans un cabinet médical. Le cinéaste de 42 ans y apparaît affaibli et amaigri.
Dans une photo diffusée par l'administration pénitentiaire russe, Oleg Sentsov y apparaît très affaibli.
 (HO / RUSSIAN FEDERAL PENITENTIARY SERVICE / AFP)

Les pays du G7 ainsi que de nombreuses personnalités du monde culturel ont appelé à la libération d'Oleg Sentsov. Malgré les déclarations alarmistes de ses proches concernant la dégradation de son état de santé, le Kremlin a répété à plusieurs reprises qu'une grâce présidentielle ne pouvait être accordée qu'à la demande du prisonnier, ce qu'Oleg Sentsov refuse de faire.
 

La Russie et l'Ukraine sont à couteaux tirés depuis l'arrivée au pouvoir à l'hiver 2013-2014 de pro-occidentaux à Kiev, suivie de l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par Moscou et du déclenchement d'un conflit armé dans l'est séparatiste prorusse du pays, qui a fait plus de 10.000 morts.

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