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Mort du réalisateur Jonas Mekas, cinéaste de la contre-culture

D'origine lituanienne, réfugié avec sa famille en 1949 à New York, Jonas Mekas est un réalisateur, écrivain et critique de cinéma qui a défié les codes artistiques. Devenu une figure de proue du cinéma underground, il est connu notamment pour avoir popularisé le genre du journal filmé et tourné avec de grandes stars de la contre-culture américaine. Il est décédé le 23 janvier à New York à 96 ans.
Article rédigé par Jules Boudier
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Jonas Mekas au New York Film Festival en 2016
 (MICHAEL LOCCISANO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Jonas Mekas est né en 1922 dans la petite ville de de Semeniškiai, en Lituanie. Il s'adonne à l'exercice du journal intime dès 6 ans, et se sensibilise très vite à la poésie et l'écriture. Résistant pendant la Seconde Guerre Mondiale, il est contraint de fuir. Balloté dans toute l'Europe avec son petit frère, Adolfas Mekas (devenu lui aussi cinéaste), il connait les camps de travail allemand, puis revient en Lituanie, tombée sous le joug soviétique. En 1949, tout deux décident d'embarquer pour les Etats-Unis, et arrivent à New York, ville dont ils tombent amoureux immédiatement. 

Un cinéaste d'avant-garde et underground

Déjà, à l'époque, il filme tout les jours avec sa caméra Bolex, entretenant un véritable journal intime filmé. Il finit par tomber dans le cinéma à travers les ciné-clubs qu'il fréquente à l'époque. Il devient en 1954 critique de cinéma auprès du Village Voice, puis fonde avec son frère la revue Film Culture. Il revendique un attachement au cinéma "non-narratif" et "indépendant" et idolâtre des noms comme Jean-Luc Godard ou Jack Smith. Se revendiquant comme "filmeur" plutôt que cinéaste : "Je ne décide de rien. Je me promène avec ma caméra dans ma poche et je la sors quand je sens que c'est le moment".
Réputé comme étant un activiste de l'art volontier polémique, il critique violemment les carcans académiques et artistiques du cinéma narratif et hollywoodien de l'époque. Un combat pour la liberté de création qui le conduit par ailleurs deux fois en prison, lorsque la police intervient à l'occasion des projections des films érotiques "Flaming Creatures" de Jack Smith et "Un Chant d’amour" de Genet. Très reconnu dans le milieu de la contre-culture new-yorkaise, il fréquente et inspire de grands noms comme Andy Warhol, Lou Reed, Salvador Dali, John Lennon, Yoko Ono et bien d'autres qui figurent souvent dans ses films. 

Un artiste en exil

Jonas Mekas, dans son long-métrage "Lost, Lost, Lost" (1976), se décrit lui-même comme étant une "personne déplacée (…) qui n’a pas encore oublié son pays natal mais qui n’en a pas encore “gagné” un nouveau". Resté pendant 15 an sans la possibilité de correspondre avec ses parents restés en Lituanie, il parvient finalement à retourner dans son pays natal en 1971. Voyage qu'il documente dans son film "Reminiscence of a journey to Lituania", classé par la Library of Congress parmi les 100 films les plus importants de l’histoire.  

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