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L'Ecran Pop : vivez les comédies musicales au cinéma comme nulle-part ailleurs

L’Ecran Pop est une nouvelle forme de spectacle importée de Grande-Bretagne consistant à projeter dans une salle de cinéma une comédie musicale, dont les chansons sont sous-titrées pour inviter le public à chanter en chœur, danser et vivre le film. Inauguré en septembre 2017 à Paris avec "Mamma Mia", suivi des "Demoiselles de Rochefort", L’Ecran Pop part en tournée en France à partir de vendredi.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
L'Ecran Pop : "Les Demoiselles de Rochefort"
 (Bubbling Bulb)

Festif, convivial et joyeux sont les premiers mots qui viennent aux lèvres quand on a assisté à une représentation de L’Ecran Pop. Natacha Campana, à l’origine de l’importation en France du "Sing-Along", concept qui existe depuis 20 ans en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et en Espagne, a tenu à dépasser le seul karaoké géant collectif au cinéma auquel il pourrait être réduit. Elle a tenu à en faire un spectacle interactif, participatif et partagé à part entière.

A l’origine à la tête de l’agence de communication Bubbling Bulb, cette passionnée de comédies musicales s’est avant tout fait plaisir en voulant partager sa passion. Et le succès est au rendez-vous : à chaque représentation mensuelle depuis septembre 2017 au Rex à Paris, L’Ecran Pop joue à guichets fermés. Dans la foulée, la petite entreprise part en tournée partout en France du 28 juin au 20 juillet, avec "Mamma Mia" et "Les Demoiselles de Rochefort". Deux très bons choix, puisque est attendue la suite du premier, "Mamma Mia ! Here We Go Again" sur les écrans le 25 juillet (ce qui n’était pas prévu), et que le film de Jacques Demy fête ses 50 ans cette année.

A ce titre, à lieu une séance exceptionnelle le 24 juillet au Rex à Paris de "Mamma Mia" en version L'Ecran Pop, suivie de l'Avant première de "Mamma Mia ! Here We Go Again", donc double dose d'Abba, les amateurs apprécieront. La billeterie est ouverte dès ce vendredi 29 juin, 20h00.
L'Ecran Pop "Les Demoiselles de Rochefort" : animation 
 (Bubbling Bulb)
Pour transformer la formule anglo-saxonne, Natacha Campana s’est entourée d’Anna Marmiesse, scénariste-réalisatrice, et de Samuel Sené, metteur en scène. Egalement passionnés de comédies musicales, leur rôle est d’apporter un plus au simple karaoké collectif, en inventant un pré-show, une introduction attractive au spectacle, avec des animateurs, animatrices et acteurs. A l'entrée, on reçoit des petis sacs remplis de goodies destinés à être utilisés durant le film en rapport avec des scènes précises : ballons gonflables lors de la fête sur la place des "Demoiselles de Rochefort", serpentins, ou des petits pétards imitant le bruit d’un bouchon de Champagne lors de l’anniversaire de Boubou dans le même film... Des jeux, quizz et concours de déguisements participent de la soirée, cadeaux à la clé…

Rencontre avec Natacha Campana, créatrice de L'Ecran Pop

Culturebox : Pourquoi le "Sing Along", qui relève d’une tradition vieille de 20 ans notamment en Grande-Bretagne, arrive-t-il si tardivement en France ?

Natacha Campana : Peut-être cela vient-il d’un public moins sensible à la comédie musicale en France. C’est aussi vérifiable pour la musique de films en soit, alors que c’est une part importante des films, je pense à des "Retour vers le futur", ou "E. T. ", même "Maman j’ai raté l’avion". Quand je pense à ces films, je pense à la musique qui va avec. C’est presque un personnage. Pour revenir à la comédie musicale, je pense qu’elle a mauvaise image, et même pour certains, cela reste ici quelque chose de ringard.

C : Il y a pourtant de très grands classiques, comme "Le Magicien d’Oz", "Chantons sous la pluie", "Un Américain à Paris", "West Side Story"…

N. C. : Je pense que tout le monde les connaît, mais que peu de monde les a vus. Même des gens de mon âge sont passés à côté. Il y a certains jeunes qui les ont vus parce que leurs parents aiment le genre et leur ont fait découvrir. Cela passe aussi par des sorties scolaires, auxquelles ces films se prêtent. Mais globalement, je pense que ce sont des films qui ne sont pas si accessibles que cela pour les jeunes. C’est dommage.

Mais c’est vrai qu’il se passe en même temps beaucoup de choses autour de la comédie musicale à Paris. Il y a beaucoup de spectacles, de créations et qui marchent très bien.

C. : Qu’est ce que vous avez voulu apporter de plus au "Sing Along" anglo-saxon en France ?

N. C. : Comme fan de comédies musicales, c’était presque une mission d’importer la formule en France. Parce que depuis que je vais au cinéma j’ai toujours eu envie d’entrer dans le film, et c’est ce que j’ai voulu faire avec L’Ecran pop.

Quand j’ai apporté le "Sing Along" en France, je voulais y apporter un plus. Car la formule anglo-saxonne stagne un peu. Comme elle est pratiquée depuis 20 ans, on sent qu’ils ne se posent plus vraiment de questions. Ils n’y mettent plus vraiment d’amour. L’accueil du public est plus simple, on vous donne un sac en plastique banal rempli de goodies, alors que nous prenons soin à que cela soit un vrai paquet cadeau ; ce sont sur ces petits détails que se joue la différence. Pour que le public soit plus immergé dans l’univers du film. C’est également le cas pour le pré-show qui est assez différent de ce qui se fait en Angleterre, nous le voulons plus travaillé, plus riche et immersif. C’est la charge de notre metteur en scène Samuel Sené qui est un spécialiste de la comédie musicale, puisqu’il a une école où il l’enseigne, et qu’il créé des spectacles (en ce moment "Comédiens" au Théâtre de la Huchette à Paris). Je travaille aussi avec une scénariste, Anna Marmiesse, qui écrit les dialogues d’animation, d’interaction etc… Alors qu’en Angleterre, il y a bien un comédien, mais il est plus un chauffeur de salle et là pour expliquer l’usage des goodies pendant le film qu’autre chose. Nous, nous voulions aller au-delà.

Natacha Campana, créatrice de L'Ecran Pop
 (Bubbling Bulb)

C. Le "Sing Along", et désormais L’Ecran Pop semblent dériver du phénomène qui s’est développé dans les années 70 avec "The Rocky Horror Picture Show".

N. C. : Oui, peut-être. C’est vrai que le "Rocky" est un phénomène qui marche toujours en France, comme ailleurs, depuis plus de 40 ans. Cela doit venir de là, mais c’est très différent, le "Rocky", ce n’est pas du "Sing Along", le public ne chante pas forcément, donc c’est autre chose, même si c’est dans la même veine.
 

C. : Vous avez actuellement deux films au répertoire, "Mamma Mia" et "Les Demoiselles de Rochefort", comment voyez-vous l’évolution de L’Ecran Pop".

N. C. : Le but serait de présenter un nouveau film tous les six mois, mais sans en faire de trop, sans les rapprocher de trop, car cela ne serait plus possible à gérer en termes de production et de communication. Cela veut dire qu’il nous en faut un pour la rentrée et cela sera sans doute "Grease". Mon but est de remettre en salle des films que l’on n'a plus la possibilité de voir sur grand écran.

C. : Pour "Les Demoiselles de Rochefort", vous en avez parlé à Michel Legrand, l’avez-vous invité ?

N. C. : Il ne voyait pas vraiment ce que cela pouvait donner et n’a pas pu venir. Mais Rosalie Varda est venue voir le spectacle avec des gens qui ont participé au film, et à l’issue du show, ils nous ont dit que c’était comme cela que Jacques Demy aurait aimé voir son film projeté, pour le faire vivre avec le public.

C. : Vous aimeriez vous tourner vers des classiques comme "Le Magiciens d’Oz", Gene Kelly ?…

N. C. : On avait pensé à "Chantons sous la pluie", mais les droits nous ont été refusés. La question des droits en France est très compliquée, plus que nulle part ailleurs. C’est un peu mon point noir au quotidien. Dans la mesure où on veut diffuser un film, mais aussi un petit peu le modifier, puisqu’il faut en faire une version karaoké, donc en tirer une copie qui intègre les paroles des chansons, ce qui implique des droits éditoriaux des paroliers, impliquant qu'on leur en réclame les droits. Donc, c’est beaucoup plus compliqué que de diffuser un film de façon classique. La chaine des droits sur ces films est beaucoup plus compliquée.

De plus, comme pour "Grease" par exemple, on pourrait récupérer la copie karaoké anglaise, mais il faut aussi intégrer les dialogues en français, puisque tout n’est pas chanté. Donc cela suppose l’intégration des dialogues en français, puisque nous préférons projeter des versions originales sous-titrées, et celle des chansons façon karaoké.

C. : Vous avez d’autres titres en tête après "Grease" ?

N. C. : Oui, on aimerait faire "Dirty Dancing" qui n’est pas vraiment une comédie musicale, mais où la musique est très importante, qui marche bien en "Sing Along", et demeure un film culte. "Moulin Rouge", j’aimerais beaucoup ; le "Rocky Horror Picture Show" que j’ai donné sous cette forme au studio Galande à Paris, mais c’était une expérience différente de ce qui se fait d’habitude, même si cela a très bien marché. Après, j’aimerais bien également faire des Disney, mais les droits sont colossaux...

Les dates de L’Ecran Pop en France

L’Ecran Pop Mamma Mia !
L'Ecran Pop "Mamma Mia" : l'affiche
 (Bubbling Bulb)
28/06 Le Grand Rex Paris (hors réseau CGR)
29/06 CGR Bruay-La-Buissière
05/07 CGR Cagnes-Sur-Mer (Nice)
06/07 CGR Vitrolles (Marseille)
07/07 Lyon Festival Tout l’Monde Dehors (hors réseau CGR)
10/07 CGR Auxerre
12/07 CGR La Mezière (Rennes)
13/07 CGR Saint-Saturnin (Le Mans)
19/07 CGR Blagnac (Toulouse)
20/07 CGR Bordeaux Le Français
l'Ecran Pop "Les Demoiselles de Rochefort"
 (Bubbling Bulb)
L’Ecran Pop Les Demoiselles de Rochefort
Samedi 30 juin : Festival Vintage Bel Air (Franche-Comté) 

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