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Abdellatif Kechiche préfèrerait ne pas voir "La Vie d’Adèle" sortir en salles

Le réalisateur franco-tunisien, Abdellatif Kechiche, Palme d’or au dernier Festival de Cannes avec « La Vie d’Adèle », déclare dans le numéro de Télérama de cette semaine qu’il préfèrerait ne pas voir "La Vie d’Adèle" sortir en salles, suite aux polémiques qui ont entaché le film, dont la programmation est fixée au 9 octobre.
Article rédigé par franceinfo - Jacky Bornet avec Télérama
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Abdellatif Kechiche, Palme d'Or pour "La Vie d'Adèle"
 (Valérie Hache / AFP)
Reportage : C.Massin, C.Delez de la Dreve, B.Weill
Il y eût d’abord les accusations proférées par des techniciens de l’équipe du film dès sa présentation à Cannes, évoquant un tournage harassant avec des heures supplémentaires sans augmentation, et un réalisateur despote. Puis il y eût les déclarations de ses comédiennes Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos, reprises dans toute la presse, où, notamment Léa Seydoux, parle d’un tournage « éprouvant », avec le sentiment d’être « tombée dans un traquenard ». Les deux actrices avaient par ailleurs été associées à la décision du jury de remettre la Palme à « La Vie d’Adèle ».
A Cannes, le film avait fait l'unanimité de la presse et du jury, ce qui est exceptionnel dans le cadre du festival.

« Selon moi, ce film ne devrait pas sortir, il a été trop sali, confie le cinéaste à Télérama. La Palme d’or n’a été qu’un bref instant de bonheur ; ensuite, je me suis senti humilié, déshonoré, j’ai senti un rejet de ma personne, que je vie comme une malédiction… » , insiste-t-il.

Kechiche enfonce le clou : « Léa Seydoux vole la vedette au film, ainsi qu’à Adèle Exarchopoulos, et elle ne mesure pas les conséquences désastreuses de ses propos, qui vont empêcher les spectateurs d’entrer dans la salle avec un cœur vierge et un regard bienveillant. D’avance, ils se demanderont : ‘Est-ce que cet homme n’a pas harcelé ces jeunes filles ? Est-ce qu’il ne les a pas caressées, aussi, et qu’elles n’osent pas le dire ?’ Moi, je n’irais pas voir le film du cinéaste sadique et tyrannique dont on fait le portrait aujourd’hui. (…) Si elle (Léa Seydoux) a vraiment vécu ce qu’elle raconte, pourquoi être venue à Cannes pleurer, remercier, monter les marches, passer des journées à essayer des robes et bijoux ? Quel métier fait-elle, actrice ou artiste de gala ? », s’enflame le réalisateur.
Abdellatif Kechiche, Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos, lors de la remise de la Palme d'or pour "La Vie d'Adèle" au 66e Festival de Cannes, en mai 2013.
 (VALERY HACHE / AFP)
Parlant de ses rapports avec l’actrice sur le tournage, Abdellatif Kechiche déclare que Léa Seydoux « a insisté pour venir. Et ensuite pour rester, parce que j’avais des doutes sur notre réussite. (…) Je lui ai proposé plusieurs fois d’en rester là. Dont une après vingt jours de tournage. Mais elle tenait à continuer », se justifie le cinéaste. Il ajoute qu’il avait d’autres actrices en tête : « Sara Forestier, qui avait très envie du rôle (…) j’avais aussi pensé à Mélanie Thierry, une actrice accomplie. Mais j’aime la difficulté et ça me semblait un défi de prendre une jeune fille qui aspire à devenir star ».

Revenant sur la polémique née de la « fronde des techniciens », Kechiche se demande « Qui était derrière eux et que défendaient-ils alors qu’avaient lieu, au même moment, les négociations sur la prétendue convention collective ? Aucun technicien n’est venu me voir pendant le tournage pour me dire : ’Tu as bafoué mon travail’ », souligne le réalisateur.

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