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"The Disaster Artist" : James Franco fait resurgir la réjouissante histoire d'un navet devenu culte

Dans "The Disaster Artist" James Franco tire le portrait d’un cinéaste, Tommy Wiseau, à qui on doit l'un des pires films jamais réalisés. Tommy a pris le relais d’Ed Wood (1924-78), auteur lui aussi d'un nanar historique. Même amour fou du 7e art, même foi en leur créativité totalement à côté de la plaque, pour devenir culte.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
 Dave Franco et James Franco dans "The Disaster Artist" de James Franco
 (Justina Mintz / A24 / New Line Cinema)

Film culte ?

Apparu dans les années 70, la notion de film culte ne veut plus rien dire aujourd’hui. Elle s’appliquait à des films en marge, comme "El Topo" (le premier film de la catégorie en 1971, d’Alejandro Jodorowsky), "The Rocky Horror Picture Show" (1973, autour duquel s’est créé un rituel), ou "Eraserhead", le premier long métrage de David Lynch en 1977. Depuis, un film comme "Les Tontons flingueurs", pur produit mainstream de la production française des années 60, est qualifié de culte. Le sens a changé. Tommy Wiseau a renoué avec les origines, en voulant réaliser un chef-d’œuvre, "The Room" (2003), qui se révéla un des pires nanars jamais réalisés. Et ainsi trouver la gloire.
L’histoire de "The Disaster Artist" est celle du tournage de ce film, de ce qui l’a motivé et de ses conséquences. Deux acteurs en herbe se rencontrent avec l’ambition de réaliser et jouer dans leur film. Tommy (James Franco) s’avère à la tête d’une fortune colossale et entraîne Greg (Dave Franco) dans cette folle aventure consistant à réaliser leur rêve à Hollywood, sur un script de Tommy, mis en scène par Tommy, produit par Tommy. Mégalomane, dont on ne connaît pas les origines, ni l’âge, ni la provenance de son capital (encore aujourd’hui), aux tenues, physique et comportement excentriques, Tommy Wiseau est une énigme.

Extraterrestre

James Franco, réalisateur atypique, entre films de genre et contre-culture américaine, devant et derrière la caméra, est plus connu en France comme acteur que comme metteur en scène. Normal qu’il s’intéresse à Tommy Wiseau comme phénomène dans le paysage cinématographique. Dans son film, il devient le clone de son modèle. Son adaptation du livre de Greg Sestero (l’ami de Wiseau) et Tom Bissell est remarquable de fidélité. Sa composition du personnage à l’écran est époustouflante. Entre sincérité entière et manipulation, s’identifiant à Marlon Brando et Orson Wells, affranchi et sûr de lui, se permettant les pire folies grâce à un "puits sans fond" d’argent (dixit un banquier dans le film), Tommy Wiseau est un extraterrestre.
James Franco devant et derrière la caméra de "The Disaster Artist"
 (Justina Mintz / A24 / New Line Cinema)
C’est pour cela qu’il fascine, tout comme son film "The Room", aux ambitions folles, distribué dans une seule salle à sortie, repéré par deux Français en goguette aux Etats-Unis, qui vont le propulser partout dans le monde, en le projetant lors de séances festives et agitées (les deux séances du Rex à Paris furent hors-normes), à l’égal de "The Rocky Horror Picture Show". Cette histoire vaut vraiment le détour, tant elle sort des conventions, avec un personnage disproportionné, à la fois insupportable et touchant, pétri de solitude et avide de reconnaissance, qui va trouver chez Greg une véritable amitié, et avec lequel il va réaliser son rêve : devenir une star. Un formidable film, au scénario décapant, sur la création, le cinéma, Hollywood et la célébrité : culte !
James Franco devant et derrière la caméra de "The Disaster Artist"
 (A24)

LA FICHE

Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : James Franco
Pays : Etats-Unis
Acteurs : James Franco, Dave Franco, Seth Rogen, Alison Brie, Ari Graynor, Jackie Weaver, Josh Hutsherston, Zac Efron
Durée : 1h44
Sortie : 7 mars 2018

Synopsis : En 2003, Tommy Wiseau, artiste passionné mais totalement étranger au milieu du cinéma, entreprend de réaliser un film. Sans savoir vraiment comment s'y prendre, il se lance … et signe "The Room" le plus grand nanar de tous les temps. Comme quoi, il n'y a pas qu'une seule méthode pour devenir une légende ! 

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