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"16 levers de soleil" : Saint-Exupéry et Thomas Pesquet dialoguent dans un documentaire onirique

Après "Thomas Pesquet, l'étoffe d'un héros" (2015) et "L'envoyé spatial" (2016), le réalisateur Pierre-Emmanuel Le Goff sort un nouveau documentaire sur les six mois de l'astronaute français passés à bord de la station spatiale internationale. Un film plus personnel avec en fil rouge les textes d'Antoine de Saint-Exupéry.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Pour son séjour à bord de l'ISS, Thomas Pesquet est parti avec les oeuvres complètes de l'écrivain Antoine de Saint-Exupéry, fil conducteur du documentaire. 
 (La Vingt-Cinquième Heure)

"Notre film est vrai". Au soir de l'avant-première de "16 levers de soleil" à Paris, Thomas Pesquet et Pierre-Emmanuel Le Goff ironisent sur un hasard de calendrier. Au même moment, à quelques rues, se déroule l'avant-première de "First Man", film évènement de Damien Chazelle avec Ryan Gosling, consacré à Neil Armstrong et au premier pas de l'Homme sur la lune.

Reportage : D. Wolfromm, P. Deschamps, C-M. Denis, D. Fuet, I. Palmer


Lui a passé 200 jours dans la station spatiale internationale (ISS), pour de vrai. Thomas Pesquet continue de faire rêver. Pour preuve, les deux salles du Grand Rex sont pleines. Mais n'a-t-on pas déjà tout dit, tout montré sur son épopée spatiale ? Documentaires, interviews, bande dessinée, le "filon" Thomas Pesquet semble avoir été exploité jusqu'au dernier grain de sable. Alors "16 levers de soleil", énième documentaire sur l'astronaute au saxo ?

Images inédites et plans à la GoPro

"Elle sauve le monde. Moi je fais rêver les enfants". Thomas Pesquet est dans un taxi parisien quelques mois avant son départ pour la base de Baïkonour au Kazakhstan. "Elle", c'est Anne Mottet, sa compagne. Elle travaille pour l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, à Rome. Après "Thomas Pesquet, l'étoffe d'un héros" (2015) et "L'envoyé spatial" (2016), Pierre-Emmanuel Le Goff signe ici le documentaire le plus intime autour de l'astronaute.

D'une caméra discrète, il capture les derniers instants avant le décollage. On assiste à l'ultime repas avec la famille et les proches. Les parents du Normand de 40 ans sont là, sa mère est très émue. Jour-J. Le moment des derniers adieux. Une vitre sépare les astronautes de leurs proches. Des GoPro (caméras miniatures) ont été placées de chaque côté. Des images inédites comme ce dernier regard poignant entre Thomas Pesquet et celle qui partage sa vie.
Derniers regards échangés avec les proches avant le décollage. 
 ( La Vingt-Cinquième Heure)
La scène du décollage est toujours aussi impressionnante. Engoncés dans leur boîte de métal, les trois astronautes sont d'un étonnant sang-froid. Concentrés à manipuler les boutons vétustes de la capsule Soyouz, aucune émotion ne transparaît sur leurs visages. Une fois dans la station, Thomas Pesquet est à la caméra. On (re)découvre le quotidien de l'astronaute, les échanges vidéo avec sa compagne d'une étonnante banalité, les sessions de sport et les expériences. La sortie extravéhiculaire, capturée par une GoPro, est frissonnante. Les paysages terrestres, toujours aussi fascinants et émouvants. La bande-originale du compositeur Guillaume Perret, envoûtante. 

Allô Saint-Ex ? Ici l'ISS

Thomas Pesquet, petit prince de l'espace. Le parallèle était tout trouvé : "Le pilote et l'astronaute, le poète et le musicien". "Citadelle", "Vol de nuit", "Le Petit Prince", Pierre-Emmanuel Le Goff magnifie ses images de citations des œuvres d'Antoine de Saint-Exupéry.

Le documentaire s'ouvre d'ailleurs sur une phrase de "Citadelle" : "L'avenir, tu n'as point à le prévoir mais à le permettre." L'édition de la Pléiade des œuvres de l'écrivain-pilote flotte au milieu de l'ISS. Saint-Exupéry est perdu dans le désert, Thomas Pesquet dans l'immensité du cosmos. Un échange fictif, un dialogue intérieur se tisse entre les deux hommes et donne du relief au film.

Au-delà de l'aspect documentaire (premier long-métrage réalisé dans l’espace à partir de prises de vues en résolution 6K), Pierre-Emmanuel Le Goff livre une œuvre onirique sur l'espace. On s'étonne même d'un passage quasi psychédélique en hommage à la scène finale de "2001, l'Odyssée de l'espace", de Stanley Kubrick. Autant qu'il nous effraie, l'espace continue de nous faire rêver.
  ( La Vingt-Cinquième Heure)

LA FICHE

Genre : Documentaire
Réalisateur : Pierre-Emmanuel Le Goff
Pays : France/Kazakhstan
Sortie : 3 octobre 2018

Synopsis : S'envoler pour l'espace. C'est ce rêve que Thomas Pesquet a réalisé en décollant depuis la base de Baïkonour. A 450 kilomètres de la Terre, durant ces six mois où le monde semble basculer dans l’inconnu, un dialogue se tisse entre l'astronaute et l’œuvre visionnaire de Saint Exupéry qu’il a emportée dans la station spatiale.


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