Au festival, auteurs professionnels et débutants se croisent et se rencontrent. En marge des rendez-vous avec les éditeurs, armés de leurs planches, les jeunes talents vont spontanément voir leurs aînés pour demander conseil. L’un s’expose, l’autre critique…moment délicat.
Le dessinateur de Long John Silver Mathieu Lauffray et Arnaud Locquet, autodidacte et passionné de dessin (Angoulême, 30/01/14, © Francis Forget).
«Je suis venu avec mes planches, j’aurais aimé avoir votre avis» demande Arnaud Locquet en s’approchant prudemment de Mathieu Lauffray en train de dédicacer. Le rendez-vous est pris dans une vingtaine de minutes, le temps pour Mathieu Lauffray de finir les derniers dessins sur sa série Long John Silver. «L’ exercice est assez violent. Il faut aller droit au but, faire attention mais ne pas être complaisant. C’est assez rapide, ça dure en général un quart d’heure» avoue Mathieu Lauffray qui se prête volontiers à ces échanges.
Arnaud Locquet (Angoulême, 30/01/14, © Francis Forget).
Arnaud Locquet travaille dans l’audiovisuel et a la passion du dessin. Il est autodidacte. Il a un projet de BD et un titre déjà: Dessinhibé. L’histoire d’un personnage qui veut devenir auteur de BD. Tiens donc. Il y a mis, bien-sûr, un peu de lui-même avec une pointe de fantastique aussi. Certaines planches sont terminées, d’autres à l’état de crayonné ou de story-board. «Pour moi, Mathieu Lauffray est une légende vivante de la BD, j’adore son dessin et je voulais que ce soit lui qui me critique» précise Arnaud Locquet.
Mathieu Lauffray (Angoulême, 30/01/14, © Francis Forget).
«Tout l’enjeu est de découvrir s' il va voir ses propres erreurs, explique Mathieu Lauffray. S' il ne les voit pas, il n’arrivera pas à les corriger et là, ça devient compliqué. En fait, le talent est d’avoir cette capacité à voir et entendre les erreurs. Après, c’est juste une histoire de temps pour les corriger ». Mathieu Lauffray va vite, apprécie le découpage, note les erreurs. «Assume ce que tu es, reste en ligne claire, dans un style nouvelle BD, tu y es plus à l’aise. Tous tes dessins doivent être lisibles, codés et pas forcément virtuoses. En travaillant, tu vas dominer le récit, verrouiller ton système de narration» corrige le maître. Arnaud est attentif. Les propos sont encourageants. L’échange durera effectivement un quart d’heure. Mathieu Lauffray doit maintenant partir, il va rejoindre le stand Dargaud pour une autre séance de dédicace.
Extrait d'une planche d'Arnaud Locquet.
