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"Anarchically yours" : Goin, visage masqué pour street art engagé

Difficile de mettre un visage sur le nom de Goin : le street artiste français ne le montre jamais aux médias. Ses œuvres sont en revanche très identifiables : des pochoirs, peintures ou sculptures qui dynamitent la pensée unique et les codes établis. A Bayonne, le centre d’art Spacejunk présente "Anarchically yours", une exposition qui rassemble jusqu’au 31 mars ses créations les plus récentes.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Goin expose en solo à Bayonne. Une colère sans visage qui éclate sur les murs...
 (France 3 Culturebox)

Pas facile de dresser le portrait de Goin. Au propre comme au figuré, car l’artiste refuse de montrer son visage dans les médias. Et sur internet, trouver des infos un peu perso sur le bonhomme s’avère compliqué. Tout juste découvre-t-on dans un article daté de février 2010 paru sur Le Messager.fr (un hebdo d’info haut-savoyard) que notre homme a été graphiste indépendant dans le civil, qu’il vient "du milieu du skate", qu'il a commencé vers 16 ans "à tatouiller en créant des logos et des images" et que depuis, il est resté "dans le street art en devenant pochoiriste". Son premier pochoir daterait de 1996 et ses fresques dans la rue de 1999.

L'anonymat, un luxe et une liberté

Ce manque d’infos personnelles de Goin, ainsi que son refus de se montrer à visage découvert, participent de la même démarche : s’affranchir des contraintes, délaisser les codes établis pour se focaliser sur le propos.

Goin pendant l'interview...Anonymat total.
 (France 3 Culturebox)
La preuve avec ce reportage réalisé par France 3 à Bayonne où le centre d’art Spacejunk accueille Goin en solo pour "Anarchically yours", une expo qui dévoile les dernières toiles du street artiste français. S’il répond aux questions des journalistes, Goin le fait visage et mains masqués, voix modifiée. "Dans ce monde où tout le monde aime bien se montrer sur Instagram et faire des selfies, ne pas se montrer est un luxe et peut-être la vraie liberté" explique celui qui se présente comme "fondamentalement anti-violent".

Reportage  : France 3 Euskal Herri Pays Basque - S. Deschamps / E. Galerne / C. Etchegaray / R. Violet

Polémique

Si Goin se revendique non violent, ses créations, elles, sont d’une radicalité qui frappent parfois comme un uppercut. Là où l’artiste est le plus incisif, c’est quand il détourne les symboles, qu’ils soient issus de la culture populaire (Blanche Neige, Mickey), du monde politique ou financier (les chefs d’Etat français ou étrangers, le drapeau européen, des fourgons de la Brinks...) ou tout simplement de notre chère République.

Mouton noir contre pensée unique 

En décembre 2016, Goin avait réalisé une fresque dans le cadre du "Grenoble Street Art Fest". L’œuvre qui représentait une Marianne à terre frappée par des policiers casqués (le titre exact était "L'État matraquant la liberté") avait suscité une grosse polémique.
  (France 3 Culturebox)
Mais le maire de Grenoble avait défendu bec et ongles l’artiste qui estime nécessaire que "quand toutes les brebis suivent le maitre, c’est bien que 2 ou 3 moutons noirs mettent en cause cette pensée unique qu’on nous sert les politiques, les multinationales...".

Qu’on soit d’accord ou pas avec ses propos, force est de reconnaître que Goin sait délivrer son message avec beaucoup de force et d’efficacité. Et que sans violence, ses fresques sont des appels à réfléchir et à débattre, en pleine rue ou ailleurs.
 
L’expo "Anarchically yours" va tourner. Après Bayonne, elle sera à Lyon du 12 avril au 2 juin puis à Grenoble du 8 juin au 28 juillet.

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