L'un des plus grands portraitistes

"Combat des amis avec pierres" de Malick Sidibé (1976)
© Malick Sidibé"Malick Sidibé est un grand. Il a documenté la vie bamakoise, avec des photos qui ont une valeur incontournable", a rappelé Samuel Sidibé, directeur du musée national de Bamako et délégué général de la Biennale africaine de la photographie, où l'artiste avait été mis en l'honneur dès la première édition de l'événement, en 1994."
Il aidait les gens de sa communauté, il était très sociable. Nous perdons vraiment une boussole", a ajouté Samuel Sidibé."

"Nuit de Noël" de Malick Sidibé (1963)
© Malick Sidibé"C'est le doyen Sidibé qui m'a acheté mon premier appareil photo. Il m'a beaucoup aidé", a raconté à l'AFP Boubacar Diallo, photographe à Bamako. "Avec la mort du doyen, le monde de la photo a perdu un baobab."
"Témoin de l'effervescence de l'indépendance de son pays, parmi les jeunes gens épris de musique, Malick Sidibé a photographié les fêtes et les joies à Bamako", a souligné la ministre française de la Culture Audrey Azoulay.
L'oeuvre de Malick Sidibé avait été récompensée par le Lion d'Or à la Biennale de Venise, les prix Hasselblad (Suède) et de l'ICP (Centre International de la Photographie, New York), entre autres.

"Yokoro" de Malick Sidibé (1970)
© Malick SidibéNé en 1936, Sidibé fréquente au cours de ces années 1960 tous les clubs et les soirées de danse. Il accompagne les jeunes le week-end au bord du fleuve Niger. "De ses photos se dégage une insouciance et une spontanéité, une ambiance de fête, de jeux, de rire… de vie", explique André Magnin, son agent parisien. Et de poursuivre : "Les jeunes découvrent les danses venues d’Europe et de Cuba, s’habillent à la mode occidentale et rivalisent d’élégance. Ses images pleines de vérité, instantanés du quotidien, du familial, des loisirs, mettent en évidence une grande complicité entre le photographe et ses sujets qui achèteront ensuite ces photos souvenirs."
Pour Olivier Sultan, fondateur du musée des Arts derniers, "le grand Malick Sidibé a refermé sa boîte noire". "Un angle, le choix d'une position, un clin d'oeil complice, le sourire aussi, et, en une seconde, le portrait d'une vie était dans la boîte", résume Olivier Sultan sur Facebook. "Tous avaient leur place dans son Studio, du musicien au paysan, des soeurs jumelles aux 'apprentis fumeurs', venus de loin pour se faire tirer le portrait avec leur première cigarette, étonnés de leur propre audace", poursuit-il.
A travers les photos prises dans son studio (Studio Malick) au cours des années 1950 et 1960, il a livré un travail remarquable sur "une période importante de l'histoire africaine, qui fut une étape d'émancipation, de bouleversements culturels, de fierté et d'espoir pour l'avenir", avait souligné le jury PhotoEspaña en lui attribuant son prix en 2009. "Tu n'imagines pas pouvoir parvenir jusque-là quand tu viens d'un petit village et sans être jamais allé à l'école", avait réagi à Madrid Malick Sidibé à l'annonce de ce prix.
"Il reste un modèle pour nous. C'était un homme pieux, qui est resté malgré son succès très modeste", a déclaré son neveu à l'AFP.