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Versailles : le grand photographe Hiroshi Sugimoto remonte le temps avec sa galerie de portraits fascinants

Après les œuvres controversées de Jeff Koons ou d'Anish Kapoor, le château de Versailles accueille un artiste plus discret et plus consensuel pour son exposition annuelle d'art contemporain. Le photographe Hiroshi Sugimoto fait ressurgir du passé des visiteurs du château au travers d'une galerie de portraits saisissants en noir et blanc, inspirés des masques de cire de Madame Tussaud à Londres.
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Hiroshi Sugimoto, Louis XIV, 2018
Courtesy de l'artiste & Gallery Koyanagi (Tokyo) ; Marian Goodman Gallery (New York, London, Paris) ; Fraenkel Gallery (San Francisco) 
 (Hiroshi Sugimoto)

L'empereur du Japon et la reine Victoria, la princesse Diana et Fidel Castro... La galerie de portraits, aux forts contrastes, montre les visages les plus divers de personnages illustres qui ont pour la plupart visité Versailles : Voltaire malicieux, Napoléon mélancolique, Charles 1er d'Angleterre extravagant, Benjamin Franklin décidé, Salvator Dali un oiseau sur l'épaule, la reine Elisabeth II et bien sûr l'hôtesse des lieux, Marie-Antoinette, debout, immobile, figée près d'un miroir. 

Pour ces photographies en noir et blanc, Hiroshi Sugimoto s'est inspiré des masques de cire de la collection Madame Tussaud à Londres. 

Pour moi la photographie, c'est une sorte de machine à remonter le temps. Je peux voyager dans l'Histoire et la confronter au futur. Je peux presque faire revenir les morts dans notre monde à nous. C'est ça la magie de la photographie.

Hiroshi Sugimoto
Reportage : France 3 Paris Île-de-France, B. Lopez / N. Loncarevic / V. Jonnet. 

Le cadre plus discret et plus intime du Trianon

"Une atmosphère plus intime", par rapport aux précédentes éditions plus spectaculaires et en extérieur, accompagne cette exposition : d'où le choix de Trianon, où la reine Marie-Antoinette aimait se replier loin de la cour, où les souverains se retrouvaient en famille, explique Alfred Pacquement, un des deux commissaires.

Le roi Soleil a lui aussi droit à son hommage en noir et blanc. Hiroshi Sugimoto a photographié de profil le masque de cire de Louis XIV, réalisé dix ans avant sa mort par le sculpteur Antoine Benoist. 
Hiroshi Sugimoto, Louis XIV, 2018
Courtesy de l'artiste & Gallery Koyanagi (Tokyo) ; Marian Goodman Gallery (New York, London, Paris) ; Fraenkel Gallery (San Francisco)
 (Hiroshi Sugimoto)
"Il nous semble voir la pulpe de sa chair et l'éclat de sa prunelle", relève, admiratif, l'autre commissaire de l'exposition, Jean de Loisy, président du Palais de Tokyo, qui parle d'une véritable "photographie de Louis XIV", et de "l'empreinte lumineuse d'une empreinte".

Il n'y a pas de jugement historique dans les oeuvres photographiques de Sugimoto.
On y perçoit un doute sur la singularité de l'humain. On a l'impression d'un emboîtage
d'une identité dans une autre identité

Jean de Loisy
président du Palais de Tokyo
co-commissaire de l'exposition    

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D'autres oeuvres complètent l'exposition

Au Belvédère, la sculpture effilée et métallique "Surface of revolution" (qui est aussi le titre de l'exposition) s'inscrit parfaitement dans l'espace lumineux, dialoguant avec les dessins de torchères qui ont les mêmes formes élégantes sur les murs.


Dans le Théâtre de la reine, sur un écran, est projeté "Marie-Antoinette", le film de Sofia Coppola de 2006. Sugimoto photographie le théâtre et l'écran pendant toute la durée du film.

L'exposition est aussi l'occasion de découvrir ou de redécouvrir ce petit théâtre d'un raffinement sans égal, avec son décor néogothique qui a été rajouté au XIXe siècle sous le roi Louis-Philippe, qui fait d'ailleurs l'objet d'une autre exposition à Versailles.

La seule oeuvre en extérieur est "The Glass Tea House Mondrian", un élégant salon de thé transparent, en bois et verre, d'inspiration japonaise du XVIe installé sur le Bassin du Plat-Fond.

L'art contemporain à Versailles

Les 10 premières expositions d'art contemporain s'étaient déroulées à Versailles, pour renouer avec la tradition de foyers de création contemporaine que le château et ses jardins avaient été au XVIIe et XVIIIe siècles.

Chaque année, un artiste contemporain de renommée internationale a été invité à produire des oeuvres, à la fois dans le Château et les jardins : Jeff Koons en 2008, Xavier Veilhan en 2009, Takashi Murakami en 2010, Bernar Venet en 2011, Joana Vasconcelos en 2012, Giuseppe Penone en 2013, Lee Ufan en 2014, Anish Kapoor en 2015 et Olafur Eliasson en 2016. En 2017, la formule avait changé : un voyage à travers les oeuvres de 17 artistes dans le parc.  

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