Chagall, qui es-tu ?
Au fil des œuvres de l’exposition, Chagall se met à nu. On découvre, d’une toile à l’autre, les moments heureux de sa vie, puis les menaces qui pèsent sur le monde à l’aune de la seconde guerre mondiale. Alternances des tons sombres et chauds ; chacune de ses œuvres parle pourtant d’espoir. Par exemple, "Entre chien et loup" peint entre 1938 et 1943, décrit la tension qui règne avant la guerre dans son village natal de Vitebsk. Or, le thème est "les amants". L’optimisme d’une belle histoire, malgré la guerre qui gronde.
Chagall est un boulimique de l’optimisme. Il est le témoin heureux d’un siècle tourmenté. C’est ainsi que les visiteurs perçoivent l’artiste.


La religion tient une place importante dans les toiles de l’artiste. Les œuvres sont empruntes tantôt de références bibliques tantôt de références juives. Si le thème du juif errant est très présent, les symboles religieux ne sont jamais en opposition. Chagall nous invite à nous rappeler que les religions délivrent d’abord un message de paix. Michel Draguet le confirme, "Chagall veut faire fusionner les religions, non pas pour les opposer mais pour les rapprocher dans un véritable message d’espoir".
Ce message de paix fait écho à l’actualité et s’impose face aux communautarismes religieux. Ce qui fait dire à un visiteur à propos du souffle d’espoir qu’il a ressenti : "J’espère que ça va continuer"...

Conçue à la fois de façon chronologique et thématique, la rétrospective raconte la vie de Marc Chagall, son errance active à travers le monde et nous permet de voyager avec lui. Point de départ : son village natal de Vitebsk. Il le peindra tout au long de sa vie à travers différents thèmes (la famille, le juif errant, la guerre, l’homme et la nature) et avec une multitude de palette. La Russie est "le pays qui se retrouve dans mon âme" dit l’artiste.
Prochaines étapes
Berlin puis Paris. Paris c’est le nouveau départ. Paris ce sont des peintures et des moments plus heureux. Il exprime généreusement son bonheur à travers des tons bleus, chauds et toute une gamme de couleurs, symboles de joie. Puis viennent les prémices de la guerre et la fuite vers les Etats-Unis. Il y perdra Bella, son grand amour et sa muse quatre ans plus tard. Il regardera de loin les ravages de la guerre. Ses peintures s’assombrissent. C’est finalement le retour définitif en France qui achève ce long voyage.
Couleurs, intensité, songes, et œuvres monumentales, résume le travail de l’artiste à cette période. Chagall est multiculturel : il est russe de patrie, juif de confession et de culture, français de cœur ou encore américain de refuge. Il partage cette richesse culturelle à travers ses œuvres. Une visiteuse nous exprime son émotion, pour elle "Chagall représente le rêve et l’imagination. On se croit en Russie, en France… partout... Et c’est surtout le Juif qui se représente".
Ce mélange des genres et des cultures, et cette profusion artistique rendent Chagall accessible à tous. Les organisateurs de l’exposition ont voulu réveiller nos sens pour mieux voyager avec lui. Là où les œuvres plus intimes de l’artiste sont exposées, on entend, et puis très vite on écoute attentivement une musique aux sonorités jazz des années 30, d’inspiration juive. Une musique qui agit curieusement comme un soutien pour mieux apprécier les toiles et comprendre davantage le thème de l’errance. Chagall a voyagé à travers le monde et l’histoire. L'exposition nous invite à cette traversée.
"Chagall" au musée des Beaux-Arts de Bruxelles jusqu'au 28 juin 2015