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New York : une expo revisite le mythe Warhol et le présente à un nouveau public

Dans une exposition qui s'est ouverte lundi, le Whitney Museum de New York propose une vision plus large et plus complexe d'Andy Warhol, destinée notamment à un public renouvelé.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Mao vu par Warhol... vu par une visiteuse, au musée Whitney de New York (6 novembre 2018)
 (Christina Horsten / DPA / AFP)

Bientôt 32 ans après sa mort, rares sont ceux qui osent s'attaquer à Andy Warhol, le roi du pop art, connu pour ses portraits de Marilyn Munroe et ses boîtes de soupe, et qui a déjà fait l'objet de centaines d'expositions et rétrospectives.

Sous la houlette de la conservatrice Donna De Salvo, qui travailla avec l'artiste durant les derniers mois de sa vie, le Whitney Museum, spécialisé dans l'art moderne et contemporain américains à New York, s'est lancé. Donna De Salvo a rappelé, lors de la présentation de l'exposition qui s'ouvre lundi 12 novembre, que la dernière rétrospective aux États-Unis datait de 1989 au MoMA et "a considérablement changé notre vision de Warhol, mais a aussi laissé beaucoup de questions sans réponse".

"Flowers" (les fleurs) de Warhol au musée Whitney de New York (6 novembre 2018)
 (Thomas Urbain / AFP)
"Surprendre avec l'un des artistes les plus actuels qui soient n'est pas chose aisée", a reconnu Adam Weinberg, directeur de l'institution. Le musée situé sur les rives de l'Hudson, dans le quartier du Meatpacking District, ambitionne, en outre, de séduire tout à la fois connaisseurs et profanes, a expliqué le responsable.

Pour y parvenir, l'exposition, qui se déploie sur trois niveaux du musée, embrasse l'ensemble de la carrière de Warhol, depuis ses débuts d'illustrateur publicitaire jusqu'à son voyage dans l'abstraction. Elle fermera ses portes le 31 mars 2019, avant de mettre le cap sur San Francisco, en mai, puis Chicago, en octobre.

Warhol dans toutes ses dimensions

Sans noyer le visiteur, grâce à une sélection exigeante, "Andy Warhol - From A to B and Back Again" présente aussi l'artiste dans toutes ses dimensions: dessinateur, peintre, photographe, vidéaste, producteur de spectacle, éditeur (du magazine "Interview") et même conservateur de ses propres expositions.
Un visiteur photographie un autoportrait d'Andy Warhol au musée Whitney de New York (6 novembre 2018)
 (Christina Horsten / DPA / AFP)
Une partie conséquente de l'installation, qui comprend plus de 300 œuvres, est notamment dédiée à la vidéo, que le dandy à la chevelure argentée a utilisée pour des documentaires, des films expérimentaux, des émissions culturelles ou des films publicitaires.

Outre cette dimension multi-supports, l'exposition évoque un Warhol en mouvement perpétuel, avide d'expériences, mû par l'inspiration des autres autant que par la sienne, dont l'empreinte perdure. "Les thèmes qui préoccupaient Warhol, les médias de masse, la culture de la célébrité, le show-business et la politique, façonnent nos vies peut-être davantage aujourd'hui que de son vivant", souligne Adam Weinberg.

Derrière l'aspect esthétique, un artiste politique, "de notre époque"

L'exposition, alimentée par des prêts de plus de 100 institutions et collectionneurs, rappelle que derrière la dimension esthétique se cache un artiste éminemment politique. Au centre de tout, l'image et le pouvoir de la représentation, une réflexion structurée par son expérience de la publicité, durant les années 1950.

"Warhol est un artiste de notre époque", affirme Adam Weinberg, "particulièrement en pleine génération selfie, dans laquelle tout le monde est la vedette de sa propre photo ou de son propre film." Des soupes Campbell à Coca-Cola, de Marilyn Monroe à Mao Tsé-toung, Andrew Warhola - de son vrai nom - joue avec les icônes de son époque, tout en documentant inlassablement sa propre vie et son travail, au point de devenir, lui-même, une marque.

Si l'exposition témoigne de son goût pour la sérigraphie, les couleurs vives et ces fameuses images à répétition, elle montre aussi que Warhol ne s'est jamais laissé enfermer dans cette forme d'expression, même s'il lui doit son succès. Ses films, sa collaboration avec Jean-Michel Basquiat mais aussi son voyage dans l'abstrait en sont la preuve. Ainsi, en 1978, à 50 ans, il entame la série abstraite Shadows, volontairement dépouillée de l'imagerie pop.

Pour Adam Weinberg, l'exposition du Whitney "porte un nouveau regard" sur l'œuvre de cet homme en perpétuelle quête de lumière mais aussi très secret. "Apparaît un Warhol plus complexe et sans doute plus puissant qu'on ne le concevait jusqu'ici."

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