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COP21 : 54 artistes africains éclairent le Théâtre de Chaillot

L'Afrique, la lumière, le développement durable ? Pendant trois semaines, le foyer du Théâtre national de Chaillot offre un panorama de la création africaine autour du thème de la lumière : en prélude à la COP21, 54 artistes, un de chaque pays du continent, ont été invités à créer une œuvre sur le thème de "l'Afrique des lumières".
Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Paa Joe, "Electric Bulb" (2015), dans "Lumières d'Afrique" au Théâtre national de Chaillot
 (photo Valérie Oddos / Culturebox)

Sous une ampoule nue, une femme au maquillage inspiré des peintures corporelles traditionnelles lit un livre. Tout l'enjeu du thème de l'exposition "Lumières d'Afriques" est résumé dans cette photo de l'Ethiopienne Aïda Muluneh. L'énergie est une question fondamentale pour l'éducation et le développement en Afrique. En effet, comment étudier sans lumière ?
 
Le XXIe siècle sera-t-il le siècle des Lumières de l'Afrique ? Convaincu de la richesse de l'art contemporain africain et du rôle de l'art dans le développement, et souhaitant valoriser les talents du grand continent, le fonds de dotation AAD (African Artists for Development) a lancé ce projet à la veille de la conférence sur le climat.

Aida Muluneh, Ethiopie, "Darkness Give Way to Light" (Chelema le berhane botawen seelek)
 (Aida Muluneh)


Obscurité sur les métropoles

Il a demandé à un artiste par pays de créer une œuvre inspirée par la lumière : "Dans l'avion, je suis toujours frappée par la nuit qui règne au-dessus de l'Afrique. Même lorsqu'on survole des métropoles surpeuplées, on est dans cette obscurité qui crée une atmosphère singulière.(…) Dans le même temps, la création contemporaine africaine est lumineuse", dit Gervanne Leridon, la co-présidente d'AAD.
 
Leslie Lumeh, du Libéria, a peint une scène urbaine de nuit, où le décor en gris et noir est illuminé par les personnages représentés en couleurs vives. La lumière, Noah Mduli du Swaziland la fait sortir d'un robinet, comme pour rappeler que, comme elle, l'eau manque souvent cruellement en Afrique.
 
Au Ghana, on se fait communément enterrer dans un cercueil personnalisé en rapport avec la profession du défunt. L'artiste ghanéen Paa Joe en a imaginé un en forme de grande ampoule électrique laquée blanche qui s'ouvre sur un intérieur en tissu ("Electric Bulb").
Gonçalo Mabunda, Mozambique, "The Light at the End of the Tunnel"
 (Mathieu Lombard)


Une nouvelle génération formée dans les écoles d'art

La plupart des artistes sélectionnés sont déjà reconnus sur la scène internationale, comme ce dernier, qui a exposé à New York, Londres, Paris ou Bâle. Ou bien Gonçalo Mabunda, qui récupère pour ses oeuvres des armes de la guerre civile au Mozambique (1976-1992). Il était au Centre Pompidou en 2005 dans l'exposition Africa Remix et il représente son pays à la biennale de Venise cette année après avoir exposé partout dans le monde. Pour le Palais de Chaillot, il a composé un tableau intitulé "The Light at the End of the Tunnel" (la lumière au bout du tunnel).
 
Il y a aussi quelques artistes émergents, et surtout des artistes peu connus venant de pays où la vie culturelle est peu développée (Sud-Soudan, Somalie…). Car, en Afrique, "les Etats sont encore peu mobilisés et peu actifs en matière de politique culturelle", note le directeur artistique de l'exposition, Jean-Michel Champault, remarquant toutefois "une évolution importante, notamment en République démocratique du Congo où Kinshasa développe des échanges avec des écoles d'art internationales. Contrairement aux générations précédentes où ils étaient souvent autodidactes, les artistes africains d'aujourd'hui sont formés dans des universités ou des centres de formation qu'ils fréquentent en Afrique ou à l'étranger".
Cyrus Nganga Kabiru, Kenya, "Alternative/Solution"
 (photo Valérie Oddos / Culturebox)


De la peinture à la vidéo

De Somalie, Mustapha Saeed a conçu un collage photographique numérique où deux femmes en vêtement traditionnel regardent des éoliennes.
 
Car l'énergie de demain en Afrique sera propre, renouvelable et équitable, comme le proclame le collage de l'artiste gambien Njogu Touray ("Amalgam"), manifeste pour le solaire.
 
Tous les modes d'expression artistique sont représentés dans "Lumières d'Afrique", peinture, photo, sculptures, vidéo, installations. Des oeuvres faites d'objets récupérés, comme la "Lanterne" en morceaux de bassines émaillées cousues du Togolais Tété Camille Azankpo ou le vélo ("Alternative Solution") du Kényan Cyrus Nganga Kabiru, côtoient les dernières techniques numériques, comme le triptyque photographique de la Djiboutienne Maan Youssouf Ahmed ("Not There Yet"), où ordinateurs et téléphones sont plantés au milieu du désert, soulignant le retard de l'Afrique.
Emeka Okereke, Nigeria, "Light Switch"
 (Emeka Okereke)


Un film pour expliquer leur travail 

La lumière en Afrique ? Un rêve que l'artiste marocaine Jamila Lamrani a enfermé dans les tiroirs d'un meuble ("Africain Dreams") contenant tous les pays sous forme de bocaux aux couleurs de leurs drapeaux.
 
Les artistes se sont filmés chacun pendant 54 secondes pour expliquer leur travail. Le tout a été réuni en un film présenté dans l'exposition.
 
Lumières d'Afriques, Théâtre national de Chaillot, 1 place du Trocadéro, Paris 16e
Du lundi au vendredi, 17h-23h
Le samedi, 11h-23h
Le dimanche, 11h-18h
Entrée libre
Du 4 au 24 novembre 2015

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