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Nicolas Briançon et Nicolas Vaude se délectent "Pour un oui ou pour un non"

"Ecoute". C'est le premier mot de "Pour un oui ou pour un non", pièce de Nathalie Sarraute écrite à l'origine pour la radio, dont l'essentiel relève du sens donné à la parole. Jouée au théâtre du Rond-Point, puis au Français, elle se retrouve aujourd'hui au Théâtre de Poche Montparnasse avec deux comédiens habités : Nicolas Vaude et Nicolas Briançon, dans une mise en scène de Léonie Sinaga.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Nicolas Briançon et Nicolas Vaude : "Pour un oui, pour un non" de Nathalie Sarraute au Théâtre de poche Montparnasse
 (DR)

Au commencement était le ton

La metteuse en scène avait déjà monté "Pour un oui ou pour un non" à la Comédie française en 2007. L'intimité du Théâtre de Poche Montparnasse se prête au mieux à cette pièce intimiste, où les acteurs sont au plus près du public. Le décor minimaliste renvoie à ses origines radiophoniques et à la valorisation de la langue, de la parole, des mots dont elle joue, sans artifice, ou presque.

Deux "vieux amis" en rupture de ban s'affrontent pour "comprendre" leur mésalliance, leur diatribe étant seulement ponctuée par l'intervention d'une "voisine", appelée à la rescousse afin de les départager sur leur point de désaccord. Pour l'un comme pour l'autre, il n'est pas clair, ce point. Le requérant, H1, est venu spécialement pour avoir une explication ; H2 a toutes les peines du monde à lui en donner une. Selon lui, H1 aurait été "condescendant" envers lui, non par une de ses saillies prise au pied de la lettre, mais dans le ton qu'il y aurait instillé.
Nicolas VAUDE et Nicolas BRIANÇON dans "Pour un oui, pour un non" de Nathalie Sarraute (Théâtre de poche Montparnasse)
 (DR)

Les petits riens

"Coupeur de cheveux en quatre" pour H1, H2 s'en défend en l'accusant d'être un parvenu, égoïste, qui ne se soucie pas des autres. Si le texte de Nathalie Sarraute est au centre de la pièce en mettant en avant les mots, si précieux et affutés qu'ils soient, c'est ce "ton" qui contamine leur sens. Et avec cette intention, s'engouffre le jeu, non de mots, mais des acteurs, donc la nature-même de la spécificité théâtrale. C'est là qu'interviennent  Nicolas Briançon (H1) et Nicolas Vaude (H2) pour emmener la pièce, au-delà de la théorie théâtrale, mais sur le plan du vécu, où chacun reconnaîtra les siens.

Des petits riens prennent une ampleur insoupçonnée, jusqu'à remettre en cause une amitié vieille de 20 ans (le sujet de la pièce). Indélicatesse de l'un ? Susceptibilité de l'autre ? L'intervention de la voisine (Roxana Carrara, très juste et drôle dans sa courte prestation) n'y changera rien, malgré l'acharnement des deux partis à la convaincre. Chacun restera sur sa position et y perdra sans doute plus qu'il n'y gagnera.

Le spectateur, lui, remportera la timbale à tous les coups, tant Nicolas Briançon et Nicolas Vaude se donnent avec délectation à servir un texte ciselé, drôle et percutant, dans un espace non spectaculaire, juste là pour faire vivre les mots. Et les corps. Nicolas Vaude excelle dans son occupation de l'espace, nerveuse, agacée et agaçante, voire revancharde dans son agressivité, alors que Nicolas Briançon, blessé, joue plus dans la rondeur, la recherche du consensus. La conclusion les mettra dos à dos, avec l'espoir, en fin de compte, de recommencer la joute, une prochaine fois.   


De Nathalie Sarraute
Mise en scène : Léonie Sinaga
Avec : Nicolas Briançon, Nicolas Vaude, Roxana Carrara

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