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Radiohead : 3 choses à savoir sur la réédition augmentée de "OK Computer"

De toute la discographie de Radiohead, leur troisième album est sans doute celui qui a fait couler le plus d'encre et est le plus vénéré par les fans. "Ok Computer" est un classique, un chef d'œuvre et leur dernier album à guitares. 20 ans après sa parution en juin 1997, il fait l'objet d'une réédition augmentée, "OK Computer OKNOTOK", publiée vendredi. Que contient-elle ? Revue de détails.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Radiohead en juin 1997 au moment de la sortie de "OK Computer".
 ( Jim Steinfeldt/Michael Ochs Archives/Getty Images)

Retour sur un chef d'oeuvre

Avec les emblématiques "Paranoid Android", "Karma Police", "No Surprises" ou "Lucky", "Ok Computer" est un classique des années 90 considéré comme un des meilleurs, voire le meilleur, album de Radiohead. Pour rappel, le groupe d'Oxford sortait alors d'une interminable tournée pour défendre "The Bends", qui les avaient menés autour du monde de début 1995 à la fin de 1996, y compris en première partie de R.E.M. et de Alanis Morissette. C'est au milieu de cette tournée, alors qu'ils voyageaient à douze dans un Tour bus, que les premières compositions avaient émergé.

Enregistré dans un manoir élisabéthain de Bath (G-B) plus ou moins hanté, cet album est celui où ils larguent définitivement les amarres et gagnent leur liberté. Pour la première fois, leur maison de disques accepte de leur donner carte blanche. "On a dit OK, on veut notre propre matériel, notre propre studio et nous voulons travailler avec Nigel Godrich", raconte Thom Yorke dans une récente interview fleuve à Rolling Stone. "Ok Computer" est donc leur premier album produit par Nigel Godrich, qui ne les a plus quittés depuis, au point d'être devenu le 6e membre officieux de Radiohead.

Enfin, les textes de Thom Yorke évoquent la fuite en avant technologique et consumériste de la société, l'aliénation sociale, l'isolation et le malaise politique général. Vingt ans plus tard, ces thématiques restent incroyablement prophétiques ou d'actualité et rajoutent une couche de frissons supplémentaire à l'écoute de ce disque qui filait déjà la chair de poule en 1997.

1.
Que contient "OKNOTOK" ?
Cet album à écouter en bas de page contient trois chansons inédites issues des sessions de "Ok Computer", qui avait donné lieu à l'enregistrement d'une bonne vingtaine de titres sur les 12 de l'album original.

"OKNOTOK" contient également huit Faces B déjà présentes sur la réédition de 2009 ("Lull", "Meeting in the Aisle", "Melatonin", "A Reminder", "Polyethylene (Parts 1 & 2)", "Pearly", "Palo Alto" et "How I Made My Millions") ainsi que les 12 titres de l'album original en versions remasterisées.

L'album sort en version digitale, triple vinyle, et double CD. Un coffret Deluxe sera également disponible en juillet, il contiendra trois vinyles et un livre relié renfermant 30 artworks, un carnet de notes de Thom Yorke ainsi qu'une mixtape sur cassette avec des sessions d'archives et de démos de OK Computer.
2.
Les trois inédits le sont-ils vraiment ?
Les trois chansons inédites proposées sont "I Promise", "Man of War" et "Lift". Il s'agit bien d'inédits puisqu'elles ne sont jamais sorties officiellement. Mais elles sont connues des fans depuis très longtemps car Radiohead les jouait régulièrement sur scène. Et ce avant même la sortie de "OK Computer", sur la tournée 1996 en première partie de Alanis Morissette. Le public de la chanteuse ne connaissait rien à l'album "The Bends" ni au répertoire de Radiohead, excepté "Creep" qui s'était hissé en haut des charts. Thom Yorke et les siens jouaient donc systématiquement "Creep" et beaucoup d'inédits de l'album sur lequel ils commençaient à travailler, dont "Lift", qui faisait déjà son petit effet sur les foules.

Le clip tout neuf de "Man of War", une chanson composée il y a plus de 20 ans.
3.
Pourquoi ces trois inédits n'étaient pas sur "Ok Computer" ?

D'habitude, les inédits ressortis du placard pour des rééditions sont des chutes, des chansons inabouties, voire des rebuts. Pas chez Radiohead, ce groupe terriblement exigeant avec lui-même. D'abord, quand une chanson est inaboutie, le groupe d'Oxford l'améliore sur scène et en studio jusqu'à ce qu'elle puisse être publiée. Ce fut le cas récemment avec "True Love Waits", une chanson de 1995 jouée maintes fois sur scène, qui a finalement vu le jour dans sa version finale sur le somptueux album "A Moon Shaped Pool" paru l'an dernier.

En ce qui concerne nos trois inédits, c'est un peu plus compliqué. S'ils ont été écartés de "OK Computer", c'est, en tout cas pour "Lift" et "Man of War" parce que ces hymnes en puissance risquaient de faire de cet album une machine à tubes. Avec "Creep", le groupe avait déjà eu un petit aperçu de l'hystérie des tubes et en avait été écoeuré. "Nous avons tué ("Lift") de façon inconsciente", confiait Ed O'Brien dans une récente interview à BBC6. "S'il avait été sur l'album, il nous aurait emmené ailleurs et nous aurions probablement vendu beaucoup plus de disques". Or le groupe ne voulait pas d'un succès cannibale à la Alanis Morissette. Non seulement parce que cela ne leur ressemblait pas. Mais aussi parce qu'ils risquaient d'y perdre leur récente liberté chèrement acquise.

Radiohead "OK Computer OKNOTOK 1997 – 2017" sort le 23 juin (XL Recordings) à écouter ci-dessous

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