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Fashion week : Namacheko, de Kirkouk à la Suède jusqu'aux podiums parisiens

Dilan Lurr et sa soeur Lezan - deux jeunes créateurs suédois, d'origine kurde - ont intégré pour la première fois le calendrier de la Fashion week masculine avec leur marque Namacheko.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Namacheko printemps-été 2018, juin 2017 à Paris
 (PIXELFORMULA/SIPA)

"On se demande toujours ce qu'on serait devenus si on était restés à Kirkouk" : Dilan Lurr et sa soeur Lezan, dont les parents ont quitté l'Irak il y a 20 ans, seraient en tous cas loin des podiums parisiens où ils ont présenté leur premier défilé dans le cadre de la PFW.

Dilan Lurr et sa soeur Lezan, les créateurs de la griffe Namacheko
 (Zakaria ABDELKAFI / AFP)
Dans leur pays natal, leurs cousins, eux, combattent le groupe jihadiste Etat islamique. Et le frère et la soeur sont loin d'avoir oublié la ville d'Irak qu'ils ont quittée pour s'installer en Suède.

La marque de mode masculine qu'ils ont lancée en 2015 est une "façon d'exprimer nos sentiments sur notre passé", explique Dilan, 28 ans. Cette première collection est une réflexion sur leur vie entre la Suède et Kirkouk, ville contrôlée par les peshmergas depuis que les forces de Bagdad se sont retirées en 2014 devant l'avancée de l'EI. 

"On discute beaucoup avec nos cousins là-bas, ils sont époustouflés par la façon dont on vit", explique Dilan. "Nous n'avons cessé de faire des trajets entre la Suède, la Belgique et Paris pour notre collection et ils n'arrivent pas à croire qu'on puisse circuler ainsi d'un pays à l'autre" précise-t-il.

Itinéraire personnel en toile de fond

Leur cousin Herresh, qu'ils ont fait poser comme mannequin dans une vidéo tournée par Dilan au milieu des champs de pétrole entourant cette ville du nord de l'Irak, est désormais en train de combattre l'EI.

"On se rend compte de notre immense liberté quand on parle avec nos cousins", témoigne le jeune homme. "Quand nous sommes allés sur la ligne de front, nous avons été étonnés de voir le nombre d'hommes de cinquante ans et plus qui combattaient". "Vous vous imaginez des peshmergas super en forme, hautement entraînés, mais il y a beaucoup de pères et de grands-pères qui vont là-bas pendant trois jours et rentrent ensuite pour une semaine".
Des blousons inspirés de ceux des peshmergas se retrouvent d'ailleurs dans leur collection, en version blanche plutôt que vert olive. 

Mais les Lurr soulignent que les créations de Namacheko, en cachemire et soie, sont davantage l'expression de leur itinéraire personnel, de la façon dont "ils se sont adaptés à la Suède". Lezan se souvient du moment où, arrivée dans ce pays, elle a été envoyée dans une école chrétienne par ses parents, où "la Bible est devenue son livre préféré". "J'étais la seule musulmane là bas et pourtant j'adorais ces histoires. Mes parents étaient très contents et me la lisaient même. Ils étaient très ouverts et très libéraux à notre égard". 
Namacheko printemps-été 2018, juin 2017 à Paris.
 ( PIXELFORMULA/SIPA)
Malgré leurs questionnements sur l'exil et l'identité, les influences kurdes n'apparaissent que par petites touches dans les vêtements de Namacheko. "Certaines personnes les voient, d'autres non, affirme Dilan avant d'ajouter "Je ne veux pas que ce soit une collection moyen-orientale".

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