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Versailles : le Potager du Roi "croqué" par les artistes et les jardiniers

Classé monument historique, le Potager du Roi à Versailles est un havre de paix qui inspire jardiniers et artistes. Parmi eux, la dessinatrice Raphaèle Bernard-Bacot qui a croqué pendant trois ans les jardins et ceux qui y travaillent. Quant à Antoine Jacobsohn, responsable du potager, il raconte le lieu à travers un dialogue imaginaire avec Jean-Baptiste La Quintinie, le créateur des lieux.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Deux livres pour découvrir autrement l'histoire, la richesse et les beautés du Potager du Roi à Versailles.
 (France 3 Culturebox)

9 hectares, 17 jardins, 16 carrés, 450 variétés fruitières et 400 variétés légumières cultivées. Voilà le Potager du Roi, un royaume créé entre 1678 et 1683 par Jean-Baptiste La Quintinie à la demande de Louis XIV. Un jardin extraordinaire qui a séduit un jardinier et une dessinatrice.

  (Raphaèle Bernard-Bacot / Editions Glénat 2017 )

Potager d'hier et d'aujourd'hui

Le jardinier, c’est Antoine Jacobsohn. Cet américain qui étudia l’agronomie à New-York avant de venir en France pour s’intéresser à l’histoire de la production et de la consommation alimentaire (Université de Paris 8) est responsable du Potager du Roi depuis 2007. Il vient de publier chez Art Lys "Le potager du Roi – Dialogues avec La Quintinie", un livre conçu comme une série d’échanges imaginaires avec le créateur des lieux lors d’une promenade à travers les allées, échanges qui portent aussi bien sur le respect des traditions que sur la démarche actuelle, tournée vers l’environnement. Une démarche que n’aurait pas reniée La Quintinie, qui fut un précurseur dans son domaine.

Un régal pour une artiste

Pour un artiste, le Potager du Roi est un paradis. Raphaèle Bernard-Bacot y a passé trois ans. Trois années à saisir le rythme des saisons, les travaux qu’elles imposent, les aléas des cultures, les beautés des légumes et des fruits produits...
  (Raphaèle Bernard-Bacot / Editions Glénat 2017 )
Des heures d'observation et de dessin racontées dans un journal de bord intitulé "Le Potager du Roi, Dessins de saison à Versailles" (Ed. Glénat) qui est autant un ouvrage didactique qu'artistique. 
  (Raphaèle Bernard-Bacot / Editions Glénat 2017 )
L'expérience fut un régal pour cette artiste formée à Penninghen, l’Ecole supérieure des Arts Graphiques à Paris et dont le travail est axé depuis longtemps sur les figures humaines ou celles inspirées par la nature. La danse a été pour elle une incroyable source d’inspiration qui s’est poursuivi autrement à partir de 2012 avec une série baptisée Fruits dansés. Ses années passées à saisir le rythme des corps en mouvement ont servi de base pour capter celui de la nature et des saisons à travers une cinquantaine de pastels.

Reportage : France 3  - A. Marguet / . Simondet Louise / W. Sabas

La Quintinie, orfèvre des potagers

Quand Louis XIV, le Roi-Soleil, décida de transformer les abords de Versailles en jardin incomparable, il fit appel aux plus grands : Le Vau pour l'architecture, Le Nôtre pour les jardins, Le Brun pour la sculpture. Féru de jardinage, Louis XIV voulait aussi un potager qui fournisse sa table en fruits et légumes toute l’année. C’est Jean-Baptiste La Quintinie qui fut choisi. Formé au droit, ce Charentais s’était découvert une passion pour l’horticulture lors d’un voyage en Italie. Il devint très vite une pointure dans son domaine, créant des jardins à Sceaux et Rambouillet.

Un précurseur 

Sa réussite à Versailles fut totale. La Quintinie eut l’idée d’utiliser des fumiers frais en provenance des écuries, les choisissant en fonction de la nature de la terre. En jouant sur l’’exposition et sur l’utilisation d’abris de verre et de cloches, il réussit à obtenir des récoltes à contre-saison : fraises à la mi-mars, pois en avril, asperges en décembre... un exploit pour l’époque ! Son travail, qui fit la renommée du Potager de Versailles, lui valut d’être est anobli en 1687 par Louis XIV. À sa mort le 11 novembre 1688, Louis XIV confia à sa veuve : "Madame, nous avons fait une grande perte que nous ne pourrons jamais réparer". Ses recherches sur la culture potagère et la taille des fruitiers furent déterminantes et son influence réelle grâce aux liens qu’il tissa avec de nombreux savants et curieux de son époque.

Quant au jardin, il continua de vivre mais connut une période d’incertitude pendant la Révolution. Il fut loué en huit parcelles à des particuliers, après la dispersion aux enchères des outils et des plantes. Après des années de locations, le potager revint dans le domaine de la Couronne avec la fin de la République, retrouvant sa vocation de production.

Lieu de visite et de formation

Classé monument historique en 1926 puis jardin remarquable, le Potager du Roi est ouvert au public depuis 1991 et abrite l'École nationale supérieure de paysage. Il produit chaque année 30 tonnes de fruits et 20 tonnes de légumes qui sont vendus dans une boutique.

"Le Potager du Roi, Dessins de saison à Versailles"
de Raphaèle Bernard-Bacot
édition Glénat.
96 pages
15 €


Raphaèle Bernard-Bacot sera en dédicace le 24 juin à la Librairie des Princes au château de Versailles.
  (Glénat)

"Le potager du Roi – Dialogues avec La Quintinie"
d' Antoine Jacobsohn (textes) et Alexandre Petzold (photos)
Ed. Art Lys
120 pages
19 €

  (Art Lys)

  (Raphaèle Bernard-Bacot / Editions Glénat 2017 )

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