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"Maestro", premier roman de Cécile Balavoine : l'étonnante passion d'une petite fille pour Mozart

Avec "Maestro" (Mercure de France), Cécile Balavoine signe un premier roman qui fait le récit de la passion quasi mystique d'une petite fille pour Mozart.
Article rédigé par Laurence Houot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Cécile Balavoine, "Maestro" (Mercure de France)
 (Tadzio)
L'histoire : Cécile a neuf ans quand elle découvre Mozart. À l'âge où ses copines commencent à lorgner les garçons, Cécile, elle, s'enferme dans sa chambre et frémit en écoutant religieusement les concertos de son idole. Plus qu'un amour, c'est une véritable vénération que la petite fille voue à Wolfgang Amadeus Mozart, pour elle un "génie", un "envoyé des Dieux", "le plus grand musicien de tous les temps", qu'elle évoque toujours orné d'une majuscule.

Son rêve : aller à Salzbourg. Elle le réalise quand elle a 11 ans. Le voyage, en camionnette, nuits au camping, est un ravissement, avec en apothéose la possibilité pour Cécile de jouer sur la piano du maître : "Nos mains se rencontrent par-delà les siècles", tremble la jeune fille.

Amours contrariées

En 6e Cécile passe une audition pour faire partie d'un chœur d'enfants. Et surprise, elle est reçue. Commence alors une nouvelle vie qui l'éloigne un peu de sa famille (elle doit partir à Paris) mais qui la rapproche de Mozart. Plus tard, il y aura une pneumonie, qui provoque la catastrophe : un petit trou dans les cordes vocales, qui voile la voix.

Cécile revient au collège "ordinaire" près de chez ses parents. Plus tard, elle deviendra journaliste musicale. Elle rencontre à l'occasion d'une interview un grand chef d'orchestre, qui la plonge dans une passion réveillant ses amours enfantines…

Dans ce premier roman, Cécile Balavoine dresse un portrait très inspiré d'une enfance atypique. On se laisse embarquer avec curiosité par le récit de cet étrange amour pour Mozart, mené avec une écriture pleine d'allégresse. On est un peu moins convaincu par l'histoire d'amour avec le "maestro", plus attendue.

Dans ce premier roman, il est aussi question de l'enfance et de la famille et notamment des relations père-fille, de l'arrivée d'une petite sœur, de la place de chacun des enfants dans le cœur des parents (ou du moins celle que l'enfant croit occuper). Cécile Balavoine décrit avec justesse les événements, mots prononcés, joies et tourments de l'enfance, qui laissent une empreinte persistante jusqu'à l'âge adulte, et peuvent entraver l'existence.
 
"Maestro", Cécile Balavoine (Mercure de France - 205 pages - 17,80 €)

Extrait :

"C'est tant de joie, ces trois premiers accords qui font résonner toute ma chambre, les phrasés qui s'envolent, les triolets qui glissent et qui m'emportent au-delà du jardin, la partition bordée d'un liseré vert, baroque. Dessus, on lit Wolfgang Amadeus Mozart. Ce nom-là, je le répète dans ma tête ça ne fait plus qu'un seul et très long mot, dur à dire, pareil Qu'Azay-le-Rideau. 
Volfgangamadéusmozare,Volfgangamadéusmozare, c'est le nom d'un génie, d'un envoyé des dieux, un nom d'enfant prodige. Comment découvre-t-on, enfant, qui est Mozart ? Qui me l'explique ? Je ne sais plus. Tout cela me parait si ancien, comme s'Il avait toujours été présent. Je sais seulement qu'il y a la partition sur le piano et qu'il suffit de l'ouvrir, de la lire et de bouger les doigts pour que la chambre vibre, danse, pour arriver dans un ailleurs très lointain, et faire surgir Volfgangamadéusmozare. Un autre temps, une autre époque. C'est merveilleux ce papier qui dessine la frontière, la frontière invisible, celle où habite l'enfant prodige, la double page, les double croches, les portées qui emmènent vers un endroit que l'on devine mais que l'on ne peut voir. Mes mains apprennent à se placer, à se déplacer sur le clavier, elles tracent les notes du plus grand musicien de tous les temps.

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