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Une exposition sur l'isolement dans la geôle d'Oscar Wilde à Reading

Oscar Wilde a passé deux ans de sa vie dans le pénitencier lugubre de Reading, entre 1895 et 1897. Cette redoutable prison de l'ère victorienne a brisé l'immense poète et écrivain irlandais. 120 ans plus tard, le lieu accueille une exposition sur le thème de l'isolement avec ses écrits entourés d'oeuvres et d'interventions de Nan Golding, Ai Wei Wei, Patti Smith etc. A voir jusque fin octobre
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Temps de lecture : 3 min
Le poète et écrivain Oscar Wilde en 1882.
 (Mary Evans / Sipa)

Wilde avait été placé à l'isolement pour homosexualité

 Il aurait été difficile de trouver mieux comme endroit que ce pénitencier lugubre de l'ère victorienne, situé à 50 km à l'ouest de Londres, pour évoquer la séparation, la privation et le désespoir.
 
A l'occasion de cette exposition intitulée "Inside", la prison de Reading, fermée depuis trois ans, est accessible pour la première fois au grand public. Mais les barbelés sont toujours déployés sur les murs et les minuscules geôles inaugurées en 1844 continuent à faire froid dans le dos.
 
C'est ici qu'Oscar Wilde a passé entre 1895 et 1897 deux années misérables. Condamné aux travaux forcés pour homosexualité, alors qu'il était au sommet de sa gloire, il y a vécu en isolation 23 heures sur 24, croupissant dans sa cellule avec interdiction de parler à quiconque.
 
"En 1895, il était l'une des plus grandes célébrités de son époque. Ses pièces se jouaient dans le West End, il menait une vie sociale trépidante et trois mois plus tard il s'est retrouvé ici, soumis à un régime punitif et brutal. Pour un habitué des salons londoniens et parisiens, c'était intenable", explique James Lingwood, co-directeur d'Artangel qui organise l'exposition.

La geôle d'Oscar Wilde dans la prison de Reading le 1er sept 2016.
 (Justin Tallis / AFP)

 

Il a écrit dans cette geôle l'un des plus grands textes sur l'univers carcéral

Oscar Wilde ne s'est effectivement jamais remis de son séjour à "Reading Gaol". Trois ans seulement après sa libération, il est mort en exil à Paris, dans la solitude et la misère, à l'âge de 46 ans.
 
"Cet endroit l'a brisé mais quelque part il l'a aussi révélé", estime James Lingwood. Car il lui a inspiré son ultime poème, "La Ballade de la geôle de Reading", qui est "l'un des plus grands textes sur l'univers carcéral jamais écrits", selon le responsable d'Artangel.
"La Ballade de la geöle de Reading" annotée.
 (Photo ©The British Library Board, courtesy of Artangel.)

 

Son "De Profundis" sera lu par Patti Smith et Ralph Fiennes

Ainsi qu'une longue lettre au titre noir et évocateur, "De Profundis", adressée à son jeune amant Lord Alfred Douglas, qu'Oscar Wilde a rédigée en trois mois dans sa cellule début 1897.
 
Cette lettre, longue de 55.000 mots sera lue chaque dimanche de septembre et d'octobre par des artistes comme la rockeuse Patti Smith, l'acteur Ralph Fiennes ou le romancier Colm Toibin, dans la chapelle de la prison. L'exercice dure quatre heures et demie pendant lesquelles on pourra admirer la porte en bois de la cellule d'Oscar Wilde revisitée par le plasticien français Jean-Michel Pancin. Dimanche 4 septembre, cette lecture pourra être suivie en direct sur Youtube de 12h à 16h30.
Vue générale de la prison de Reading, lors de l'exposition "Inside" , septembre 2016.
 (Justin Tallis / AFP)

 

Des oeuvres à voir dans les cellules

L'exposition se décline surtout à l'intérieur de plusieurs dizaines de cellules où on retrouve les oeuvres, les toiles ou les écrits de plusieurs artistes et écrivains contemporains.

Neuf d'entre eux ont rédigé une lettre sur le thème de la séparation avec un être cher. Parmi eux, l'artiste chinois Ai Weiwei et l'écrivain nord-irlandais Danny Morrison parlent en connaissance de cause après avoir connu la prison. Dans d'autres cellules, on peut découvrir les travaux de l'artiste et réalisateur britannique Steve McQueen, du plasticien allemand Wolfgang Tillmans ou du sculpteur américain Robert Gober.
 
"Presque tous les artistes qu'on a contactés pour participer au projet ont été séduits par l'idée, souligne James Lingwood. En partie pour honorer la mémoire d'Oscar Wilde et la terrible épreuve qu'il a vécue ici. Mais aussi pour célébrer la manière avec laquelle il a su transformer cette funeste expérience en quelque chose qui résonne avec toujours autant de force aujourd'hui."

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