Entre "Steamboat Willie", le premier dessin animé mettant en scène Mickey Mouse en 1928, et "La Reine des neiges", le 128e long métrage d'animation des studios Disney sorti en 2013, il y a quatre vingt cinq ans. Mais la signature reconnaissable entre mille, celle de Walt Disney, est bien la même. Entre les deux dates, le nom du fondateur des studios est devenu l'une des marques les plus célèbres du monde. Au point que pendant de longues décennies, l'esthétique Disney a exercé une véritable dictature sur le cinéma d'animation. Il fallait être curieux pour aller regarder des films différents, soit issus des studios des pays de l'est, soit réalisés par des artistes expérimentaux comme le Canadien Norman McLaren. Malgré des tentatives réussies comme "Le Roi et l'Oiseau", du français Paul Grimault, il a fallu l'irruption des studios japonais et principalement Ghibli pour que la mainmise quasiment totale du "look" Disney commence à être battue en brêche.Reportage : E. De Pourquery / G. Dolz / N. Pagnotta HégémonieAu delà de cette hégémonie, les studios Disney ont contribué à faire progresser l'art de l'animation au cinéma, et c'est ce que montre l'exposition "L'art des studios d'animation Walt Disney - Le Mouvement par Nature" proposée jusqu'au 5 mars 2017 par le Musée Art Ludique, à Paris.. En moins d'un siècle, les productions sont passées du crayonné noir et blanc un peu saccadé à une reproduction quasiment parfaite de la réalité en trois dimensions. Disney n'a pourtant pas travaillé à l'écart du monde, l'observation fine des films produits pendant ce presque siècle de dessins animés laisse percevoir les influences des divers mouvements artistiques dont il a été le contemporain.Âge d'orCertains trouveront que la poésie du crayon y a perdu ce que la véracité de l'informatique y a gagné et qu'il y a eu un âge d'or Disney, entre "Blanche-Neige et les sept nains" (1937) et "Le livre de la Jungle" (1967), un paradis Disney gâché ensuite par une recherche de l'exploit technique à tout prix. Mais ces analyses sont trop empreintes d'une nostalgie de l'enfance pour être complètement défendables. Par ailleurs, le rachat en 2006 des studios Pixar a heureusement fait revenir Disney sur sa décision ne plus produire que des films en animation numérique. Walt Disney dessinant devant des faons (1942) (HO / DISNEY Musee Art Ludique / AFP) 400 piècesL'exposition au Musée Art Ludique est riche de 400 pièces issues des collections jalousement conservées par les studios Disney, certaines sortant même pour la première fois. Comme du vivant de Walt Disney (1901-1966), la recherche du mouvement juste, de la posture naturelle, du geste parfait a toujours poussé les animateurs des studios de Burbank à utiliser les techniques les plus modernes. L'exposition propose un voyage dans ce monde de rêve issu du travail de milliers de techniciens et d'inventeurs, d'informaticiens et d'artistes.