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Denis Villeneuve, la nouvelle coqueluche d'Hollywood à Cannes

Le Québécois Denis Villeneuve est pour la toute première fois en Compétition du Festival de Cannes avec "Sicario", qu'il présente aujourd'hui. Inconnu du grand public il y a encore trois ans, ce cinéaste de quarante-sept ans est en train de devenir une figure du cinéma américain, au point de se voir confier de grands projets par Hollywood. Retour sur une fulgurante ascension.
Article rédigé par franceinfo
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Denis Villeneuve entouré d'Emily Blunt et de Benicio Del Toro
 (GUILLAUME COLLET/SIPA)

Son nom de vous dit pas forcément grand chose. Son visage encore moins. Et pour tant il va falloir s'y habituer. Non Denis Villeneuve n'est pas un jeune stagiaire au père français qui se serait subrepticement glissé dans l'entrebâillement d'une porte d'un studio californien. Non, Denis Villeneuve, quarante-sept printemps, c'est l'une des étoiles montantes d'Hollywood. Une "star" comme on dit de l'autre côté de l'Atlantique, déjà bien haute dans la voie lactée du 7e art. Barbe grisonnante et bonheur en bandoulière, le voilà à quelques heures d'une projection de son dernier film "Sicario", sélectionné en Compétition du 68e Festival de Cannes. Remarqué sur la croisette il y a six ans avec "Polytechnique", l'enfant de Trois-Rivières a tracé son chemin depuis, en y semant les pellicules avec maîtrise

"Polytechnique", récit d'un drame national

Lorsqu'il réalise "Polytechnique" en 2009, Denis Villeneuve possède déjà un certain "background". Deux films à retenir : "Un 32 août sur terre" (1998) et "Maelström" (2000) qui lui valent quelques prix internationaux (Namur, Berlin, Bratislava). Mais c'est bien avec ce long-métrage en noir et blanc, inspirée de la tuerie au sein de la l'École Polytechnique de Montréal en 1999, que Denis Villeneuve est véritablement remarqué. Fiction aux accents documentaires, ce film rappelle évidemment par son sujet "Elephant" de Gus Van Sant (en Compétition avec "The Sea of Trees"), qui avait triomphé à Cannes en 2004. 


"Incendies" pousse Villeneuve sous les feux de la rampe

C'est le film qui bouleverse sa carrière. Adaptation d'une pièce de théâtre du Libano-canadien Wajdi Mouawad, elle même inspirée de l'histoire de la militante libanaise Souha Bechara, ce long-métrage présenté à la 67e Mostra de Venise croule sous les éloges et les prix. Considéré comme l'un des dix meilleurs films de 2011 par le New York Times (rien que ça), il sera nominé dans la catégorie meilleur film en langue étrangère aux Oscars cette même année. Côté réception du public, "Incendies" est un succès du box-office, au canada mais aussi à l'étranger. La carrière américaine de Denis Villeneuve peut démarrer. 
 

 

"Prisoners", un thriller esthétisant pour confirmer

Le succès de "Incendies" permet à Denis Villeneuve d'être accueuillis à bras ouverts (ou presque) par Hollywood. En 2013, il réalise deux films : "Enemy" et "Prisoners", le second sortant en salles avant le premier . Et qui dit changement de stature dit changement de moyens. "Prisoners" est produit par la société américaine Alcon Entertainment et bénéficie d'un budget de 46 millions de dollars, soit près de 40 millions de plus qu'"Incendies". Aussi, le Québécois s'offre un casting de premier choix : Jake Gyllenhaal (membre du Jury cette année) vu notamment dans "Zodiac" de David Fincher, Hugh Jackman, connu pour son rôle de Wolverine dans la sage "X-men" ou encore Paul Dano, présent dans le film en Compétition de Paolo Sorrentino,  "Youth". Sujet maîtrisé, tension efficace, photographie sublime, le film, s'il ne fait pas une razzia de récompense, surprend et marque le public international. Au point que Villeneuve n'est plus tout à fait un nom qui passe inaperçu au générique. 
 

 

"Enemy" sort dans la foulée 

Adapté d'une nouvelle écrite par le Portugais et prix Nobel de littérature José Saramago, "Enemy" est une production (canado-espagnole) plus modeste que "Prisoners", ce qui peut expliquer sa sortie dans un deuxième temps. Après la disparition d'enfants et la vengeance personnelle dans "Prisoners", Denis Villeneuve choisit d'aborder le thème de l'identité. Pour l'accompagner dans cette aventure fantastique à l'athmosphère ambrée, Jake Gyllenhaal, fidèle au poste, et la Française Mélanie Laurent ("Je vais bien ne t'en fais pas", "Inglorious Bastards"). Un film aux qualités indéniables mais qui ne reçoit toutefois pas le même écho que les dernières réalisations du Canadien. 
 

La suite de Blade Runner l'an prochain

Occupé à observer la réception de "Sicario", sombre et violent thriller policier sur fond de cartels mexicains, dans les salles cannoises (la première projection presse ce matin fut nourrie d'applaudissements), Denis Villeneuve devra dès la fin du Festival se concentrer sur un projet de taille : "Blade Runner 2". Le tournage de ce long-métrage, suite attendue (ou redoutée) par les fans du film culte réalisé en 1982 par Ridley Scott, devrait commencer l'an prochain. Après Josh Brolin et Benicio Del Toro, Denis Villeneuve dirigera Harrison Ford (qui fera prochainement son retour dans un nouveau "Star Wars") et Ryan Gosling, acteur très "bankable" en ce moment. Policier futuriste à l'athmosphère néo-noire, source d'inspiration pour plusieurs films de science-fiction (notamment "Minority Report" de Steven Spielberg) "Blade Runner" suivait les pas d'un agent chargé de traquer des Réplicants, androïdes esclaves des humains et responsables d'une tuerie dans un vaisseau spatial. Denis Villeneuve, sur les traces de Ridley Scott ? C'est tout le mal qu'on lui souhaite. 



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