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"Valérian", une adaptation de la célèbre BD par un Luc Besson fidèle à lui-même

Depuis qu’il s’est engagé dans la réalisation d’une adaptation de la série de bande-dessinée "Valérian", de Jean-Claude Mézières (dessin) et Pierre Christin (scénario), Luc Besson répète à tout-va qu’il s’agit de la concrétisation d’un rêve d’enfant, l’ayant découvert à l’âge de 10 ans dans le défunt magazine "Pilote" des années 70. Le film, non sans qualités, n’est toutefois pas à la hauteur.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Dane DeHaan et Cara Delevingne dans "Valérian et la Cité des mille planètes" de Luc Besson
 (EuropaCorp - VALERIAN SAS – TF1 FILMS PRODUCTION)

Planète Na'vi

Annoncé comme la production la plus chère du cinéma français jamais réalisée (180 millions de dollars, sûrement plus avec la promo), "Valérian", Space opéra (aventure spatiale), frappe par la sophistication de son univers visuel, la technicité et le foisonnement de ses effets spéciaux spectaculaires. Et pour cause : l’univers de Mézières et Christin est riche d’invention, d’une beauté graphique sans équivalent, Mézières s’attachant à une palette colorée magnifique, cohérente d’album en album. Les héros, Valérian et sa coéquipière Lauréline sont par ailleurs extrêmement attachants par leur complicité et l’amour vache qui les relie avec humour, reflet de la révolution féministe de l’époque où ils naquirent, le début des années 70.
Si l’introduction du film, qui relate la naissance, puis l’évolution de cette gigantesque station orbitale qu’est "La Cité des mille planètes" du titre - depuis la première rencontre dans l’espace russo-américaine (1965) jusqu’à l’arrivée de civilisations extraterrestres bigarrées -, est fidèle à l’humanisme de Mézières et Christin, l’on déchante vite. En premier lieu par le destin tragique d’une planète paradisiaque, détruite dans le cadre d’un conflit interstellaire, peuplée de créatures toutes droites sortie d’"Avatar" de James Cameron (les "Na’vis", dessinés et conçues par le même studio d’effets-spéciaux). Le décor de cette plage exotique, aux eaux turquoises et cieux azurés sort bien des planches de Mézières, mais il évoque plus la peinture psychédélique américaine des années 60-70 d'une Sheila Rose . 
"Valérian et la Cité des mille planètes" de Luc Besson
 (EuropaCorp - VALERIAN SAS – TF1 FILMS PRODUCTION)

Le meilleur pour la fin

Le hiatus est frappant et déstabilisant pour les amateurs de la BD originelle, et de l’art de Mézières. Les néophytes n’y verront que du feu, mais ce n’est plus Valérian. Le scénario s’engouffre alors dans une confusion générale alambiquée. On ne s’attend évidemment pas à du Bergman, mais Besson, auteur du scénario original, confirme que s’il a de bonnes idées, s'il est bon technicien (pour beaucoup grâce à son fidèle directeur de la photographie Thierry Arbogast), il ne sait pas raconter des histoires. De plus, les costumes sont d’une laideur affligeante (hormis ceux de Valérian et Lauréline), notamment ces uniformes omniprésents verts pistache aux boutons dorées qui font mal aux yeux (rien à voir avec la palette colorée de Mézières, plutôt bleutée et chaude).
Un échantillon de la faune extraterrestre de "Valérian et la Cité des mille planètes" de Luc Besson
 (EuropaCorp - VALERIAN SAS – TF1 FILMS PRODUCTION)
La fidélité à la bande-dessinée revient dans la relation entre Valérian et Lauréline, valsant toujours entre complicité, professionnalisme et ambiguïté amoureuse. Ambigüité que relativise Besson au passage, pour plaire au plus grand nombre. Si Lauréline est parfaitement bien campée par Care Delavingue, Dan DeHaan est beaucoup moins convaincant, car trop juvénile pour le rôle. La faune extraterrestre est par contre sans doute le meilleur du film, très fidèle à la BD, tant dans le graphisme que la diversité délirante de toute cette population exotique, aux anatomies les plus diverses et amusantes (spécialité de Mézières). C’est d’ailleurs dans la dernière partie du film que l’esprit de l’œuvre du dessinateur et de son complice scénariste est le plus respecté. Ce n’était vraiment pas la peine de nous faire attendre 1h30 (sur 2h18 de film) pour atteindre le Graal espéré.

Reportage : D. Wolfromm / E. de Pourquery / G. Jongis

LA FICHE

Science-Fiction/Action de Luc Besson (France),  Avec :  Dane DeHaan, Cara Delevingne, Clive Owen, Rihana, Ethan Hawke, Kris Wu, Sam Spruel, Alain Chabat, Herbie Hancock - Durée : 2h10 - Sortie : 12 juillet 2017

Synopsis : Au 28e siècle, Valérian et Laureline forment une équipe d'agents spatio-temporels chargés de maintenir l'ordre dans les territoires humains. Mandaté par le Ministre de la Défense, le duo part en mission sur l’extraordinaire cité intergalactique Alpha - une métropole en constante expansion où des espèces venues de l'univers tout entier ont convergé au fil des siècles pour partager leurs connaissances, leur savoir-faire et leur culture. Un mystère se cache au cœur d'Alpha, une force obscure qui menace l'existence paisible de la Cité des Mille Planètes. Valérian et Laureline vont devoir engager une course contre la montre pour identifier la terrible menace et sauvegarder non seulement Alpha, mais l'avenir de l'univers.

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