La Japan Expo célèbre les auteurs français

Radiant de Tony Valente, premier manga français publié aussi au Japon.

Le manga français connaît ses premiers vrais succès même au Japon. Coup de projecteur pour la 17e édition de la Japan Expo sur les auteurs de la « French touch » et rencontre avec l’un d'eux, Tony Valente.

Et si c’était tout simplement dans l’ordre des choses ? Que le deuxième pays consommateur de mangas au monde après le Japon, en l’occurence la France, se mette à produire ses mangas. Ce tropisme proviendrait du lointain Club Dorothée qui, dans les années 80, diffusait sur nos petits écrans des dessins animés japonais. Ce courant s’est ensuite renforcé dans les années 90 avec l’arrivée sur l’Hexagone des premiers bons mangas : Dragon Ball ou Akira dont, au passage, une très belle réédition en noir et blanc, très proche de l’édition originale japonaise, vient de paraître chez Glénat. Toute une génération en devenir de créateurs de dessins animés, de bandes dessinées ou de musique s’est donc retrouvée imprégnée par cette culture.

L'exposition sur la "French touch" de la Japan expo 2016.

L'exposition sur la "French touch" de la Japan expo 2016.

En BD, le phénomène a pris de l’ampleur depuis cinq ans. Une quarantaine d’auteurs se sont mis sérieusement à produire du manga. La Japan Expo, à travers une exposition, des conférences et des rencontres, propose de découvrir ces auteurs. Il y a, entre autres, Elsa Brants (Save me pythie), Reno Lemaire (Dreamland), Vanrah (Stray dog), Guillaume Lapeyre (City Hall) ou Nicolas David (Meckaz). Et Tony Valente. Il est le premier mangaka français à s’être fait publier avec succès au Japon. Sa série Radiant s’est écoulée au pays du soleil levant à dix mille exemplaires pour le tome un. Et trente mille en France. Nous sommes encore loin des centaines de milliers d’exemplaires que peuvent atteindre les blockbusters japonais. Mais, sans être un tsunami, la vague de la "French Touch" a fini par atteindre les côtes nippones.

Tony Valente, mangaka de la "French touch", auteur de la série Radiant (photo © Francis Forget, Japan expo 2016).

Tony Valente, mangaka de la "French touch" (photo © Francis Forget, Japan expo 2016).

Pourquoi avoir choisi l’esthétique du manga pour faire de la BD ?

Tony Valente : "J’ai fait dix ans de BD avant mon premier manga. Et pour moi, ça a été un retour aux sources par rapport à mes influences, comme revenir aux origines. J’ai grandi avec le club Dorothée et après je me suis mis à lire des mangas. C’est en quelque sorte un reboot pour moi."

Cela a été compliqué de passer ainsi de la BD au manga ?

T.V. : "C’était difficile pour les auteurs français de faire du manga il y a une dizaine d’années. Nos prédécesseurs ont défriché. Aujourd'hui c’est largement accepté et il y a même maintenant un regard bienveillant sur notre travail."

Radiant (© Valente / Ankama).

Radiant (© Valente / Ankama).

D’autant que vous avez rapidement connu le succès avec Radiant, votre série sur les aventures d’un apprenti sorcier ?

T.V. : "Dans Radiant, des monstres tombent du ciel et infectent la population. Certains individus sont résistants mais sont aussi rejetés par la population. L’histoire de Radiant est celle d’un jeune sorcier qui lutte contre les monstres et contre les préjugés."

Une aventure qui a séduit aussi les lecteurs japonais. Belle récompense pour un mangaka français ?

T.V. : "Je suis bien évidemment content d’être publié au pays d’origine du manga. Mais comme je vais l’être bientôt en Allemagne ou déjà en Espagne. Ce qui me satisfait le plus, c’est d’être lu. Je fais la série qui correspond au type de lecteur que je suis. Je crois que ça doit aider à son succès."

radiant 1

Le 5ème tome de Radiant sort ces jours-ci pour la Japan Expo. Vous en prévoyez une vingtaine. Un long récit dans la pure tradition du manga…

T.V. : "Je pense que la série est ce qu’il y a de mieux pour raconter une histoire. La longueur du format me permet de développer les intrigues, d’approfondir les personnalités des personnages. J’aime que ça raconte."

Et ça, vous ne pouviez pas le faire en BD franco-belge ?

T.V. : "Il n'y a pas les mêmes formats. Et je trouve que les grandes et belles images qu’il y a dans la bande dessinée classique arrête la lecture. J’aime bien avoir la sensation de lire une écriture, d’une fluidité dans le récit. On ne l’a pas toujours par l’enchainement de belles images et de beaux dessins. Le noir et blanc du manga raconte mieux, donne des images plus synthétiques et me procure cette sensation de lecture. Même si je passe souvent plus de temps sur le dessin de mes mangas que pour mes BD."

Radiant4Radiant. 5 tomes. Tony Valente / Editions Ankama. 8 €

Japan Expo. Du 7 au 10 juillet 2016. Parc des expositions de Paris-Nord Villepinte. Entrée : 15 à 25 €.