Cet article date de plus de six ans.

Rétrospective Wim Delvoye à Bâle : des tatouages à la célèbre "Machine à caca"

Le musée Tinguely à Bâle propose jusqu'au 1er janvier 2018, la première rétrospective de Wim Delvoye en Suisse. Depuis la fin des années 1980, le plasticien belge est connu pour des œuvres qui mêlent avec humour le trivial et le sublime. Des tatouages à l’inoubliable "Cloaca", en passant par ses cathédrales gothiques de métal, l'oeuvre de Wim Delvoye ne cesse de questionner.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
A l'occasion du vernissage du musée Tinguely (Bâle), l'artiste belge Wim Delvoye a présenté différentes de ses oeuvres 
 (GEORGIOS KEFALAS/EPA/Newscom/MaxPPP)

Le musée Tinguely à Bâle retrace trente années de travail de l'artiste contemporain Wim Delvoye. Toute la production de l'artiste belge au coeur de la Suisse. Dès le hall d'entrée, ses dessins d'enfance accueillent le visiteur, une manière de placer l'autodérision au centre de l'exposition. 

Visite guidée de l'exposition avec le créateur lui-même, présent à l'occasion du vernissage. L'artiste donne notamment une vision très personnelle de sa démarche créatrice. 

Reportage : B. Stemmer / S. Gaudry / A. Ahmed

Dos à vendre

Artiste contestataire et contesté, l’incorrigible plasticien flamand provoque la réflexion et dérange avec ironie depuis les années 80. Tantôt encensé, tantôt conspué, l'artiste gantois assume sa posture sans mélodrame. S'il tatoue des cochons dans une ferme chinoise, c'est avant tout pour dénoncer les dérives de la société de consommation. Il rappelle à cet égard que les porcelets sont tatoués sous anesthésie. Il les laisse ensuite vivre leur vie et les naturalise une fois morts.
  ( Quirky China News / Rex/REX/SIPA)
Le tatouage n'est pas seulement réservé aux petits cochons chinois. En 2006, l’artiste tatoue "Tim". Cet homme suisse a fait de son dos une œuvre d’art qu'il exhibe à chaque vernissage. Sa peau tatouée qui représente une vierge surmontée d'une tête de mort d'inspiration brésilienne a été vendue à un collectionneur en 2008. De la limite de l'éthique dans l'artistique. 
"Tim" - 2006-2008
 (GEORGIOS KEFALAS/EPA/Newscom/MaxPPP)

Réhabiliter le gothique et le mépris

Dans le Parc Solitude qui jouxte le MuséeTinguely, trône dans la fraiche pelouse le "Cement Truck" rouillé. Ce camion à ciment de taille normale constitué de plaques d’acier découpées au laser est une évocation très personnelle des ornements gothiques.  
  ( Georgios Kefalas/AP/SIPA)
La mort, la guerre, la religion, le corps humain, depuis près de 40 ans, Wim Delvoye réfléchit à toutes ces questions universelles. Ses créations proposent une réponse à des sujets d'actualité ou a des faits du passé.  

C'est un style méprisé, c'est tout un peu "pré-moderne" mais après les premières pièces il n'y a plus d'ironie

'Dutch Gas-Cans' (1987-1988)
 (GEORGIOS KEFALAS/EPA/Newscom/MaxPPP)

Le père de la machine à caca au coeur de la matrice 

Point d'orgue de l'exposition du musée Tinguely : le très odorant et pétaradant "Cloaca". L'appareil qui reproduit mécaniquement le fonctionnement du système digestif a déjà fait le tour du monde et donné suite à toutes sortes de propos. Pour son créateur, cette machine est pourtant la base chaque être vivant. 

Si je me moque, je me moque de tout le monde parce que tout le monde fait caca

Wim Delvoye lors du vernissage de la rétrospective du Musée Tinguely
 (GEORGIOS KEFALAS/EPA/Newscom/MaxPPP)
La première version de la Cloaca créée en 2000 - il en existe dix - est une machine de 12 mètres de long, 2,8 mètres de large et 2 mètres de haut. Elle est composée de six cloches en verre, contenant différents sucs pancréatiques, bactéries et enzymes, acides, etc., le tout dans un milieu très humide. 
Wim Delvoye, Cloaca – New & Improved, 2001, Techniques mixtes, 270 x 1157 x 78 cm, Installation au Ernst Museum, 2008, B
 (Studio Wim Delvoye)
Mais s'arrêter à cette installation digestive serait une vision un peu restrictive de l'artiste. Toutes les sculptures et les dessins de Wim Delvoye proposent une réflexion sur l’art, sur la vie, sur notre monde et sur la façon dont cet artiste ne cesse de se réinventer. A l'image de la sculpture ADN composée de crucifix qui représente le signe de l'infini. 
Helix DHAACO 90 52 cm x 9L" (2009), front, and "Monday, Tuesday, Wednesday, Thursday, Friday, Saturday, Sunday" (2013)
 (Georgios Kefalas/AP/SIPA)
 

Je réfléchis beaucoup à un public qui est plus large que le public de l'art, j'espère communiquer avec tout le monde y compris les gens qui ignorent l'art


 Le plaisir de la nouveauté et de la surprise chez Delvoye est sans cesse palpable.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.