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Photographie à Arles : des Rencontres très latines

Amérique latine, territoire, désordres sont au programme des Rencontres de la photographie d'Arles qui débutent le lundi 3 juillet. Comme tous les ans, débats, projections, fêtes, lectures de portfolio sont au programme de la semaine d'ouverture. Les quelque 40 expositions, dans 25 lieux dont deux nouveaux, se poursuivent tout l'été (du 3 juillet au 24 septembre).
Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
A gauche, Juan Pablo Echeverrí, "Hulk, série Supersonas", 2011, avec l'aimable autorisation de l'artiste - A droite, Mathieu Pernot, "Famille Gorgan, Arles, 1995". Avec l'aimable autorisation de la galerie Eric Dupont
 (Rencontres d'Arles)

Plusieurs thèmes traversent cette année la grande fête arlésienne de la photographie : l'Amérique latine, et en particulier la Colombie, les visions du territoire, les désordres du monde.

Paz Errázuriz, "Evelyn, La Palmera, Santiago", série La Pomme d'Adam, 1983, avec l'aimable autorisation Galeria AFA, Santiago, Chili
 (Rencontres d'Arles)

Latina !

L'Amérique latine est en vedette aux Rencontres d'Arles. Celles-ci dressent un panorama d'un demi-siècle (1960-2016) de photographie, à travers une centaine d'images de la collection de Leticia et Stanislas Poniatowski. Celles-ci reconstruisent l'imaginaire des villes d'un continent écartelé entre les mondes préhispanique et postcolonial et une société de marché implacable (Pulsions urbaines, à l'Espace Van Gogh).
 
Une monographie de la chilienne Paz Errázuriz, photographe de l'humain et du social qui a commencé à travailler sous la dictature de Pinochet, réalisant des portraits d'ivrognes, d'artistes de cirque, de malades mentaux, de travestis, de membres des peuples indigènes… une exposition organisée avec le Jeu de Paume, à l'Atelier de mécanique.
 
Dans le cadre de l'année France-Colombie, ce dernier pays est à l'honneur avec deux expositions. A la chapelle Saint-Martin du Méjan, on pourra voir les travaux de 28 photographes et artistes colombiens de différentes générations, qui abordent les questions de classe, d'identité, de survie économique, sans oublier les 60 ans de guerre qui ont ravagé le pays. Et à La Croisière (nouveau lieu), le Britannique Timothy Prus présente sa collection de photographie "vernaculaire" colombienne.
Marie Bovo, "Stance - Kavgolovo", 2017, avec l'aimable autorisation de l'artiste, de OSL Contemporary, Oslo et kamel mennour, Paris/Londres
 (Rencontres d'Arles)

Territoires

Autre pays en vedette cette année, l'Iran, pays jeune et en mutation : 66 photographes iraniens sont exposés à l'église Sainte-Anne. Sans oublier l'Espagne et la scène madrilène, avec les photographes du collectif Blank Paper, créé en 2003 (à Ground Control).
 
Une autre série d'expositions est organisée autour du thème du territoire. Avec les premières photographies en noir et blanc et en couleur de l'Américain Joel Meyerowitz, dans les années 1960, une époque où il s'immergeait dans la cohue new-yorkaise (à la salle Henri-Comte). L'Europe orientale et la Russie vue des trains par Marie Bovo, derrière sa chambre photographique (à l'église des Trinitaires).
 
Ou encore les travaux de 15 photographes pour la mission photographique de la Datar (Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale), lancée en 1983 pour "représenter le paysage français". Parmi eux, on compte Gabriele Basilico, Robert Doisneau, Josef Koudelka… (à l'Atelier de la mécanique).
Gideon Mendel, "Jeff et Tracey Waters, Staines-upon-Thames, Surrey, Royaume-Uni", février 2014, série Portraits submergés. Avec l'aimable autorisation de l'artiste
 (Rencontres d'Arles)

Désordres

Et, au Magasin électrique, les images de cinq photographes sur un projet de construction au début des années 1970 de villages standardisés à l'américaine en Ile-de-France (Levitt France, du nom de William Levitt, le promoteur américain, inventeur de ce type de périphérie urbaine).
 
Les "désordres du monde" sont au programme, désordres environnementaux avec l'enquête de Mathieu Asselin sur les pollutions causées par Monsanto (au Magasin électrique), désordre climatique avec le travail de Gideon Mendel sur les inondations dans treize pays (à Ground Control), bouleversements politiques avec le voyage de Niels Ackermann et Sébastien Gobert à la recherche des vestiges et débris des statues de Lénine à travers l'Ukraine (au cloître Saint-Trophime).
 
Au chapitre documentaire, Mathieu Pernot présente la suite de son travail sur une famille gitane, la famille Gorgan, entamé quand il était élève à l'Ecole nationale supérieure de la photographie d'Arles en 1995 et poursuivi près de vingt ans plus tard. Travaillant sur la durée, il a pu reconstituer les destins individuels des membres de cette famille (à la Maison des peintres).
Erwin Wurm, "One Minute Sculptures", 1997-1998, avec l'aimable autorisation de l'Adagp, Paris
 (Rencontres d'Arles)

Les galeries associées au Prix découverte

Loin du documentaire, l'Atelier des Forges propose une exposition du 40e anniversaire du Centre Pompidou, "Le Spectre du surréalisme", qui entend montrer que celui-ci est toujours vivant dans la photographie de l'après-guerre et la photographie contemporaine. Et au même endroit, on découvrira l'utilisation par Jean Dubuffet de la photographie, pour référencer ses œuvres de façon systématique et aussi comme outil pour la réalisation de son travail.
 
Impossible de citer toutes les expositions mais on signalera celle du Suisse Karlheinz Weinberger. Déjà exposés cette année à Madrid dans le cadre de PhotoEspaña, ses "Swiss Rebels" seront aussi à Arles. Pendant des années, ce magasinier et photographe amateur a fait le portrait de tout ce que Zurich comptait de loubards, rockers, prostitués, motards (au Magasin électrique).
 
Au rayon des nouveautés, les Rencontres ouvrent deux lieux sur le boulevard Emile Combes (la Maison des peintres et la Croisière). Et les galeries, découvreuses de talents, sont associées cette année au Prix découverte : celui-ci sera décerné à l'un des dix projets retenus, porté chacun par un photographe et sa galerie. Ces dix projets sont exposés à l'Atelier de la mécanique.
Karlheinz Weinberger
 (Karlheinz Weinberger, 1958, courtesy Galerie Esther Woerdehoff / Rencontres d'Arles)

60 photographes sélectionnés pour le Prix Voies Off

La semaine d'ouverture des Rencontres d'Arles (du 3 au 10 juillet) propose comme tous les ans ses "nuits", avec pour commencer une nuit colombienne le lundi 3, les projections au Théâtre antique, la "nuit de l'année" aux Papeteries Etienne et la nuit de clôture où l'on dansera dans un flux d'images. Le jour multiplie les rencontres, conférences, débats, stages, lectures de portfolio.
 
Et Voies Off, le "off" des Rencontres, lieu de découverte des jeunes talents, vous invite à ses soirées de projection dans la cour de l'Archevêché (du 3 au 8 juillet), auxquelles sont associées le festival Circulation(s), la foire parisienne d'art africain AKAA (Also Kown As Africa) et le magazine Polka. On y découvrira les 60 photographes sélectionnés pour le Prix Voies Off, parmi 1789 dossiers de 73 pays différents. Les projections seront suivies des "afters de l'Archevêché", au son des DJ. Voies Off propose aussi rencontres et conférences sur les métiers de l'image, workshops, lectures de portfolios et expositions.
 
L'an dernier, les Rencontres d'Arles avaient connu une fréquentation record, en hausse de 12% par rapport à 2015 avec plus de 104.000 visiteurs et plus d'un million d'entrées d'expositions.
Sina Shiri, "Silent side, Neishabour, Iran, septembre 2015", avec l'aimable autorisation de l'artiste
 (Rencontres d'Arles)

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