Cet article date de plus de sept ans.

L'énigme Marcel Dirou : professeur le jour, peintre prolifique la nuit

Si cultiver le secret est la marque des grands artistes, alors Marcel Dirou est un immense créateur. Ce Breton, professeur de lettres dans un lycée, a peint 2500 toiles, sans que cette passion, qu’il pratiquait la nuit, soit connue de son entourage. C’est grâce à un collectionneur amateur de peinture que son œuvre a été révélée. Elle est exposée jusqu’au 8 janvier à Saint-Brieuc.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Portraits signés Marcel Dirou
 (France 3 Culturebox)

Singulière histoire que celle de Marcel Dirou. A bien y regarder, elle pourrait faire l’objet d’un film, surtout si la cote de ce peintre amateur continue de grimper comme c’est le cas actuellement.

Cette soudaine célébrité posthume (Dirou est mort en 2009), on la doit à Hervé Le Roch, un amateur de peinture qui a découvert les tableaux de Marcel Dirou dans une vente aux enchères à Saint-Brieuc. Depuis, il a acquis la plupart des toiles et organisé plusieurs expositions.

La dernière en date est proposée à la maison de l’Agglomération de Saint-Brieuc jusqu’au 8 janvier où 350 œuvres du peintre sont à découvrir.

Reportage : France 3 Bretagne  J. Armand / M. Tregouet / G. Hamon

Quand on regarde les tableaux de Marcel Dirou, on est frappé par le sentiment de solitude et de profond questionnement qui s’en dégage. On est alors tenté de relier cela au passé de cet homme discret et à son enfance.

Une enfance sans père

Marcel Dirou est né à Carantec dans le Finistère en 1942. Son père, Jean-Louis, fournissait des faux papiers aux résistants ou aux aviateurs anglais. Dénoncé, il est arrêté en 1944 avant de mourir en déportation, à Mauthausen, un an plus tard.
 
Fils unique, Marcel Dirou fut donc élevé par sa mère et deux de ses tantes. D’abord professeur de lettres en Tunisie, il fit ensuite toute sa carrière au lycée Henri-Avril de Lamballe. Ses premiers dessins remontent à 1969, quand il est encore en Tunisie. Célibataire, sans enfant (mais très apprécié semble t-il de ses élèves), Marcel Dirou peignait la nuit et visiblement, personne n’était au courant de ses activités artistiques. "Quand les gens  demandaient à la mère de Marcel Dirou où était son fils, elle répondait toujours qu'il était en haut en train de lire ou d'écouter la radio", raconte Hervé Le Roch.
  (France 3 Culturebox (capture vidéo))

Aucune toile exposée de son vivant

C’est donc sans avoir exposé ni vendu une seule toile que cet homme meurt en 2009, laissant derrière lui 2500 œuvres aux techniques les plus diverses (huiles, pastels, encres, fusains...) 2400 ont été rachetées par Hervé le Roch qui veut aujourd'hui faire reconnaître le talent de Marcel Dirou.
 
  (France 3 Culturebox)
Mais si on peut se réjouir de cette démarche, on peut aussi se demander si cet homme qui avait si jalousement protégé sa vie privée et sa passion aurait vraiment apprécié ou souhaité que ses toiles soient exposées aux yeux de tous, et avec elles, une partie de son âme et de ses tourments.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.