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Epopées maritimes entre Méditerranée et Océan indien à l'Institut du Monde Arabe

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Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Le Nizwa, un boutre traditionnel d'Oman de 34 m de long, entièrement en bois, se dresse sur le parvis de l'Institut du Monde Arabe à Paris. Il est l’emblème de l'exposition "Aventuriers des mers", consacrée jusqu’au 6 février aux épopées maritimes entre la mer Méditerranée et l’Océan indien.

Exploration et légendes

C'est entre ces deux régions, "notamment par les voies maritimes, que se sont jouées les grandes aventures fondatrices du monde d'aujourd'hui", écrivent les commissaires de l'exposition. Elle rassemble récits de voyage, cartes anciennes, iconographie, maquettes de bateaux, instruments de navigation, objets d'artisanat exportés d'un continent à l'autre.

Présentée à l'Institut du Monde arabe jusqu'au 6 février, elle sera ensuite  accueillie sous une forme légèrement modifiée au Mucem à Marseille du 6 juin au 9 octobre 2017.
Jonas et la baleine - Nour Fondation Courtasy of Khalili Family Trust
 (Jonas et la baleine - Nour Fondation Courtasy of Khalili Family Trust)
Au VIIe siècle, l'empire des deux mers, celui des Omeyyades (661-750) ouvre "les voies d'un monde dont le destin se joue principalement au XVIe siècle dans l'Océan Indien" entre expansion de l'islam, explorations chinoises, aventures  portugaises, navigations hollandaises ou britanniques, écrit le président de  l'IMA, Jack Lang, dans le catalogue de l'exposition.

Mais avant de dominer la mer, il faut apprendre à connaître cet espace mystérieux, balayé par de terribles tempêtes, qu'on imagine alors peuplé  d'animaux fantastiques et d'hommes-poissons. Gravures de monstres marins, mâchoires de requin tigre, étendard indien à tête de poisson témoignent de la perception hostile de cet univers dont plusieurs mythes se retrouvent dans les différentes cultures. Celui de Jonas  avalé par la baleine est ainsi présent dans la Bible mais aussi dans le Coran.

Même si la navigation hauturière est encore peu pratiquée, voyager en bateau n'est pas pour autant sans risque. Les naufrages sont fréquents et meurtriers. Un grand voyageur arabe, Ibn Jubayr, originaire de l'Espagne musulmane, raconte ainsi ses mésaventures sur la côte de Palestine.

Marins emblématiques, science et commerce

"Cette histoire, nous avons voulu l'incarner avec des personnages qui ont pris la mer et que nous appelons des témoins-voyageurs", explique Agnès Carayon, spécialiste du monde arabo-musulman médiéval et une des quatre commissaires de l'exposition. Le plus célèbre est Ibn Battûta, originaire de Fès, qui parcourut 12.000 km au XIVe siècle, jusqu'en Chine et en Inde en passant par le Mali ou la Volga.

Combinés avec des observations et des techniques empiriques, les progrès de la cartographie et de l'astronomie au XIIIe siècle vont permettre aux marins  d'abandonner peu à peu le cabotage au profit des traversées au grand large,  beaucoup plus rapides.

Sont également présentées des maquettes de boutres, terme générique désignant des embarcations assez différentes les unes des autres. Venu du Port-Musée de Concarneau,  le Nizwa, exposé sur le parvis de l’Institut, a été fabriqué à Oman selon la technique de la coque cousue, sans  utilisation de clous.
Aventuriers des mers : Arrivée de Vasco de Gama
 (Bridgerman)
"Pendant la période médiévale, les arabo-musulmans ont développé la science  grecque de la cartographie, bien plus que les Européens qui ont pris le relais  à partir du XIIIe siècle", souligne Agnès Carayon. Un des plus célèbres cartographes arabes est al-Idrissi, qui réalisa un planisphère pour le roi normand de Sicile Roger II dont on peut voir une reconstitution du XIXe siècle. Comme sur beaucoup de cartes de cette époque, le Nord est placé en bas.

Epices, ivoire d'Afrique, verreries, céramiques et soieries chinoises, perles vénitiennes : "le commerce, principal moteur des découvertes et des  dominations va entraîner des métissages culturels", souligne Agnès Carayon.  Symbole de ces échanges, des céramiques chinoises retrouvées dans un bateau de  construction arabe au large de Java.
Il est une autre "marchandise" que transportent les boutres à travers l'Océan indien : les esclaves noirs d'Afrique. Un commerce discrètement évoqué  dans l'exposition - une vidéo, une photo - malgré son ampleur. Selon l'historien Olivier Grenouilleau, la traite orientale a concerné 17 millions d'Africains entre 650 et 1920 et la traite occidentale 11 millions de noirs entre 1450 et 1869.

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